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Poésie Je, kit ou double

juillet 2024 | Le Matricule des Anges n°255 | par Chloé Brendlé

Ça joue relate l’épopée subjective d’un poète qui a grandi dans les années 1990. Avec réflexivité et auto-dérision, Antoine Hummel déconstruit le récit de soi.

Ca joue

Fanfare confessionnelle
Editions Tempête

On a entendu parler de Ça joue à la radio par l’auteur de L’Ordinaire de la littérature (La Fabrique) comme d’un livre de poésie drôle, contenant une lettre à la CAF (et, ajoute-t-on après lecture, un « #metooURSSAF »).
Ça joue commence par une liste de souvenirs d’enfance ou plutôt de souvenirs d’apprentissages d’enfance, et ça vrille quand « tu » découvre, mortifié, que non, le chien n’est pas le contraire du chat. Vertige linguistique, existentiel, et politique. À partir de là, Antoine Hummel alterne des sortes de micro-récits de vie, comme des précipités autobiographiques et générationnels, et des analyses plus ou moins abstraites sur la logique qui sous-tend le langage, appris, incorporé. Dans ce récit de soi dynamité, on ne sera pas surpris que le « je » n’apparaisse qu’au sixième chapitre. D’emblée, « je » est un autre, de la catégorie « Monsieur  » (à la fin du livre, « je » sera même un balai !). Au fondement de l’expérience, Antoine Hummel ne place pas le sujet (le je pense cartésien), mais le « ça joue » : depuis la cour de récré jusqu’au club des «  des autonomes à SIRET  », on s’inscrit dans le « game », variante néo-libérale du « vous êtes embarqué » de Pascal. Morceau choisi : « Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux choral :/ J’ai décidé de dissoudre l’Assemblée nationale./ Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur./ Nous les expulserons avec humanité et cœur./ Et voilà le problème. Nous avons grandi sous Chirac et nous avons l’âme romantique (…)  » (Qu’écrira-t-on dans vingt ans ?…)
Il s’agit de passer l’époque à la découpe, de faire entendre le bruit de fond intérieur et extérieur. Respirer l’air ambiant et recracher : les déclarations, les slogans, les ça joue, on gère, quand on veut on peut, le lexique enkysté, les blocs du « Socle commun de connaissances, de compétences et de culture », et « mon pass culture », la prétention « monsieuse ». Il s’agit aussi de remonter le temps – et la pente de la confession dite romantique, avec Rousseau, bien sûr, mais d’autres aussi, comme Dumont de Monteux (Antoine Hummel, un peu comme Olivier Cadiot, a un certain don pour résumer / représenter les pensées des autres, et « imager » des abstractions, ainsi de ce fameux Dumont, à qui « une crampe au mollet survient mais dans le cerveau », tandis que « des idées incohérentes s’invitent, discutent entre elles dans la tête, sans égard pour le maître du logis »).
Sous-titré « fanfare confessionnelle », le livre d’Antoine Hummel, paru presque en même temps qu’un autre de lui, Le Club (Zoème), a bien un aspect critique et parodique, parfois jubilatoire. Mais garde-t-il quelque chose de la joie collective et carnavalesque de la fanfare ? En somme, un « à nous de jouer » ? Il y a bien un « frisson communautaire » qui passe, et des pronoms « nous » qui se rejoignent parfois (notamment dans une cohorte de « loosers »). Mais à cet égard, Ça joue, même et souvent drôle, ne semble pas très optimiste. On peut toujours rêver.

Chloé Brendlé

Ça joue
d’Antoine Hummel
La Tempête, 200 pages, 18

Je, kit ou double Par Chloé Brendlé
Le Matricule des Anges n°255 , juillet 2024.
LMDA papier n°255
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