La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Essais Archives d’une amitié

mars 1995 | Le Matricule des Anges n°11 | par Christophe David

A la fois très simple et très compliqué, Inscapes constitue une approche résolument originale et féconde de l’oeuvre du peintre François Dilasser.

Inscapes est un livre inclassable. Paul-Louis Rossi parle d’un « ensemble », d’une « histoire », d’une « aventure ». Il n’a d’unité que si on le regarde comme les archives d’une amitié. Mais les pièces de ce dossier ne sont pas réunies de façon contingente ; elles constituent bien une « histoire » avec un commencement et une fin, celle de l’initiation de Paul-Louis Rossi au mystère de la peinture de son ami François Dilasser.
Inscapes ne parle pas du travail du peintre : Paul-Louis Rossi n’a même peut-être jamais vu son ami travailler. Il décrit son atelier et l’imagine « se levant la nuit pour dessiner ses rêves en silence ».
Ce qui est très étonnant dans ce livre c’est sa croyance dans le génie du lieu, en l’occurrence Lesneven (Finistère Nord) que Paul-Louis Rossi appelle « le pays de François Dilasser ». Il décrit sa maison, ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas de ses fenêtres « Il y a une colline. On ne la voit pas. Pourtant la colline est très importante », les paysages dans lesquels on peut se promener autour de Lesneven. Si François Dilasser était un peintre figuratif, on pourrait aisément comprendre l’importance de ce pays pour sa peinture, mais ce n’est pas le cas. De plus, Paul-Louis Rossi note que le paysage semble le laisser indifférent : « Je compris, l’observant quand il marchait sur le rivage, qu’il ne regardait pas vraiment. Il affiche devant le spectacle du monde une véritable distraction. Il fait confiance à la mémoire inconsciente ».
Le rapport entre le peintre et son pays natal est de l’ordre de la familiarité mais une familiarité qui n’a rien à voir avec celle que pourrait procurer un relevé exhaustif des couleurs et des formes que la région de Lesneven offre au regard. Le peintre « sait que la mémoire inconsciente anticipe souvent ce qu’il découvre. Et surtout il pense que la mémoire contient le futur et que sa peinture invente le futur ».
La peinture de François Dilasser n’est pas une peinture figurative et pourtant, au début du livre, Paul-Louis Rossi croit reconnaître la colline de Lesneven dans certains dessins : « On peut apercevoir des figures. La colline est très importante. Tellement importante qu’elle envahit toute la page du dessin ».
Le peintre doit alors expliquer à son ami « qu’il n’y a pas de figures intelligibles dans sa peinture. Pas de représentations réelles ou symboliques. C’est l’œil qui se trompe quand il croit les reconnaître. Ce ne sont pas des personnages, des paysages ou des objets. C’est une forme née de la pensée ». Ce n’est qu’à force de patience et d’amitié qu’il comprend l’importance de la mémoire dans la peinture de François Dilasser. A la fin du livre, François Dilasser montre à son ami un « amas de rocher » qu’il n’a découvert qu’ « après l’avoir peint souvent dans son atelier ». Cet « amas de rochers » est comme le symbole de la peinture de François Dilasser. Le travail de l’inconscient, de la mémoire, de la « mémoire inconsciente », comme dit Paul-Louis Rossi, a fini par y abolir la distinction entre paysage intérieur et paysage extérieur. L’art imite la nature et la nature imite l’art. Il est alors légitime de « comparer le labeur (du peintre) à celui du ciel et de la mer, debout face à la terre étendue ».
Ce que met en évidence Inscapes, c’est la place que peut prendre l’amitié dans l’herméneutique de l’œuvre d’art, une amitié sans curiosité qui n’a cure que de l’être de l’autre, pour le laisser être dans son intégrité.

Inscapes
Paul-Louis Rossi et
François Dilasser
Le Temps qu’il fait
115 pages, 120 FF

Archives d’une amitié Par Christophe David
Le Matricule des Anges n°11 , mars 1995.
LMDA papier n°11
6,50