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Domaine étranger Un Arctique de saison

mars 1995 | Le Matricule des Anges n°11 | par Eric Naulleau

Troisième expédition de Jörn Riel à travers une terra quasi incognita. Une saga groënlandaise haute en couleurs, noir d’encre sur blanc de neige.

La Passion secrète de Fjordur et autres racontars

La Vierge Froide et autres racontars

Plus encore que l’identité du prochain président de la République, une question trouble depuis quelque temps les digestions du tout Paris : peut-on lire séparément les trois tomes des « Racontars » de Jörn Riel parus à ce jour aux jeunes éditions Gaïa ? (1)
La réponse s’avère positive -puisque pour reprendre une terminologie télévisuelle, ces nouvelles forment une « série » et non pas un « feuilleton »- mais mérite d’être immédiatement nuancée. Il y aurait tout d’abord quelque gâchis à se contenter du tiers d’un immense plaisir, d’autant que certaines allusions contenues dans ce troisième tome ne se goûtent pleinement qu’au souvenir de récits antérieurs et, plus fondamentalement, une lecture intégrale permet en outre de réaliser que la publication de La Vierge froide et autres racontars en 1993, ne constitua rien moins qu’un événement cosmogonique. Big bang littéraire que le surgissement de cet univers d’une parfaite cohérence et comme détaché de notre espace-temps, révélation d’une région virginale vaste comme environ deux fois la France -le Nord-Est du Groenland- peuplée d’ours, de phoques, de boeufs musqués, de bruants des neiges et…d’une vingtaine de chasseurs dont l’auteur nous narre la lointaine existence.
Jörn Riel n’entend cependant pas faire oeuvre d’ethnologue. Il s’agit plutôt de relater quelques épisodes particulièrement savoureux de la vie dans ces confins sur le mode des conversations entre trappeurs au coin du feu, au gré desquelles la vérité naît à mesure qu’elle s’énonce, toute enjolivée des parures de l’imagination et des ornements de la rhétorique (« racontars » traduit le danois « skröner » que l’on peut également rendre par « boniments »)
A l’exemple d’autres cosmogonies, la parole est ici tout à la fois fondement et fondation. Non seulement parce que ces destins éparpillés dans de vastes étendues de neige et de glace n’ont plus d’autre réalité que leur diffraction littéraire dans la mémoire de Jörn Riel, mais aussi en raison du véritable culte que vouent les personnages au langage. L’on se souvient que dans La Vierge froide et autres racontars, tous s’amourachaient d’une créature imaginaire prénommée Emma, dont les cessions toutes verbales et les passages théoriques de couche en couche faisaient l’objet de marchandages acharnés, l’un des prétendants transis proposant même en échange de cette maîtresse chimérique un magnifique dragon cracheur de feu… tatoué sur son dos. Un autre exemple en est donné dans le présent recueil avec Un étrange duel, où deux chasseurs décident de régler un différend crucial « sur la question de savoir si l’on servait du côté gauche ou du côté droit dans un foyer comme il faut » sous la forme d’une joute oratoire. Le vaincu, victime d’une mémoire défaillante, ne survivra pas à ce déshonneur.
Ces récits se confondent également avec autant de séjours parmi les derniers hommes libres de ce siècle, hors d’atteinte de la folie de « ceux d’en bas » ainsi qu’ils désignent l’humanité qui vit en dessous du 73 ème degré de latitude Nord.
Un dernier phénomène à signaler : tout fait ou tout être plongé dans l’encre de Jörn Riel suscite une forte poussée de rire, même dans des cas a priori défavorables, tel celui de cet inspecteur des travaux finis, dévoré, montre et lorgnons compris, par un ours (Un Cas d’autodéfense) et dont on verra qu’il l’avait bien cherché.

(1) La Passion secrète de Fjordur et autres racontars a été précédé par : La Vierge froide et autres racontars (1993) et Un Safari arctique et autres racontars (1994). Une dizaine de recueils sont prévus au total.

La Passion secrète
de Fjordur et autres racontars
Jörn Riel

traduit du danois
par Susanne Juul
et Bernard Saint Bonnet
Gaïa Editions
256 pages, 129 FF

Un Arctique de saison Par Eric Naulleau
Le Matricule des Anges n°11 , mars 1995.
LMDA papier n°11
6,50