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Histoire littéraire De Big Sur à Bourlinguer

septembre 1995 | Le Matricule des Anges n°13 | par Didier Garcia

Quarant-cinq ans de belle amitié entre deux géants de ce siècle. Blaise Cendrars-Henry Miller : la correspondance des elus.

Denoël ferait aujourd’hui rougir de honte Blaise Cendrars et lui ferait sans doute regretter son « À bas les éditeurs ! » qui amusait tant Henry Miller. Ce fut en 1960, un an avant que Cendrars acceptât de partir pour « Le Lotissement du ciel », que Denoël entreprit de publier ses œuvres complètes, publication qui compte aujourd’hui ses huit tomes et que complètent des volumes de correspondance. Etabli et présenté par Miriam Cendrars (fille de l’un, amie de l’autre), ce dernier volume doit d’avoir pu naître au hasard de ses recherches -de celles qui font explorer des malles remplies de « paperasses » et qui font découvrir de précieuses chemises pleines d’« air-letters »…
Cette double correspondance commence en 1934 avec la lettre d’Henry Miller en accompagnement à son Tropique du Cancer qu’il offre humblement à celui qu’il vénère ; elle s’achève en 1959, au désespoir de Miller qui voit son « copain » essuyer de cruelles humiliations et glisser vers la mort… Un quart de siècle d’échange épistolaire entre deux hommes radicalement différents : d’un côté Miller, avec sa logorrhée naturelle, son admiration sans réserve, son emphase, son empressement, son enthousiasme de gamin ; de l’autre Cendrars et sa sécheresse télégraphique, sa froideur de vieux marin -ou de bourlingueur, comme certains l’avaient baptisé-, son aptitude à résumer ses pensées en un minimum de mots, comme s’il lui fallait payer le papier au prix fort.
La grande réussite de ce volume est de donner à lire, au-delà du dialogue entre deux géants de la littérature, comme un commentaire de leurs textes, en même temps qu’il donne à découvrir les habitudes de travail de chacun. Quelques mots sur les lectures respectives, les livres en chantier, les négociations en cours -en particulier celles de Miller pour faire publier son ami aux Etats-Unis-, et sur cette grande affaire qu’est l’élaboration d’une œuvre. Là encore, deux styles s’opposent : celui de Cendrars, qui faisait de l’écriture une activité mercenaire - « Je travaille comme Balzac, cette année j’aurai fait 7 volumes » ; celui de Miller, avec sa tendance naturelle au dilettantisme, moins soucieux de construire son œuvre que de peindre ses aquarelles, se chercher des épouses et aussitôt divorcer - « Je peux rester debout six heures sans plainte en faisant des tableaux. Ecrire deux heures c’est une corvée ».
Riche de presque deux cents lettres, ce volume donne en annexes, outre quelques courriers de Miller rédigés en anglais -il écrivait à Cendrars en français, pour lui éviter l’anglais qu’il haïssait-, les textes par lesquels les deux compagnons purent se rendre hommage publiquement, à l’occasion d’une préface, d’un chapitre, d’un article ou d’un enregistrement radiophonique. Secondée par Jay Bochner pour les notes, Miriam Cendrars ne s’est pas contentée de juxtaposer des lettres : elle a reconstruit leur histoire, reconstitué la gangue culturelle en laquelle elles prenaient place, conférant ainsi à cet échange épistolaire une réelle continuité. Aussi l’histoire de cette amitié apparaîtra-t-elle comme un volume de référence : la documentation iconographique et l’introduction érudite de Frédéric-Jacques Temple seront sans conteste des aides précieuses pour l’exégèse cendrarsienne. Mais cette publication n’est pas réservée à la gent universitaire ; chacun peut en effet flâner dans cette corrrespondance, en simple curieux, pour le plaisir de côtoyer les grands noms de ce siècle : Charlie Chaplin, John Dos Passos, Man Ray, Braque, Hemingway… et les autres !

Correspondance
Blaise Cendrars-Henry Miller

Denoël
415 pages, 185 FF

De Big Sur à Bourlinguer Par Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°13 , septembre 1995.