En toute simplicité, sans relever plus que ça l’enthousiasme qu’il y a à recevoir deux à trois manuscrits par jour, Jean-Pierre Boyer nous dit attendre que toute cette masse de feuilles et d’émois s’entassent pou, un jour, décider, comme il dit, « de s’y mettre », 90 % des envois iront, là encore, s’empiler dans un coin, et les auteurs, il faut bien le dire, attendront un moment la lettre type qui mentionnera le refus de l’éditeur. Peu sortiront du tas pour rester sur le large bureau de Jean-Pierre Boyer.
Sans compter également les commandes qui, de temps à autre, s’ajoutent aux parutions annuelles (ce fut le cas pour les livres de Charles Juliet, André du Bouchet et Michel Leiris par exemple). Bref, il faut s’accrocher pour voir son livre paraître chez Fourbis, et ceux qui lancent leur production à la va vite, en ignorant complètement de quoi Jean-Pierre Boyer fait ses cuvées, ceux-là, oui, à moins d’avoir toute la fine naïveté créatrice des poèmes de Gaston Chaissac, auront eu la chance de gaspiller du papier et d’essouffler quelques photocopieuses…
Éditeur Un impitoyable tri
novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14
| par
Emmanuel Laugier
Un éditeur