La nuit est toujours fiévreuse et poisseuse chez Denis Belloc. Les paumés, le visage plissé, y déambulent en éructant leur désespoir et leurs rêves à quatre sous. Avec Le Petit Parmentier, son septième roman, du nom d’un bistrot du XIe arrondissement, l’auteur de Néons porte un nouveau regard affectueux et poétique sur la déchéance sociale, cette précarité urbaine qui vient s’accrocher au zinc pour ne pas choir. Citoyens d’un monde dont ils sont exclus, les pensionnaires du Petit Parmentier tissent les liens de leur univers dévasté. On rit beaucoup, on se moque un peu, on prend souvent des coups. Les dialogues, volubiles, crasseux, « pris en direct » dessinent une vérité qui évite la caricature : celle d’une fange triomphante qui cache sa misère dans les ténèbres. « Oh putain !… La vie est une chienne… » « Ouais, mais quand elle se met à t’aimer, elle est plus fidèle qu’un chien. » Il faut simplement attendre son tour. Belloc sait que ça peut prendre une vie.
Balland
127 pages, 75 FF
Domaine français Le Petit Parmentier
novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14
| par
Philippe Savary
Un livre
Le Petit Parmentier
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°14
, novembre 1995.