Fiodor ne fait pas seulement peur, il tue aussi, avec les mains, à coups de hache, par haine du bonheur, aussi parce que cet adepte de la métaphysique « est intéressé par la vie des cadavres ». Fiodor n’est pas le seul déjanté de ce roman loufoque, baroque et satirique, il y a autant de monstres que de mondes parallèles dont chacun tente de percer les secrets (le culte du moi remporte les suffrages). On y croise un autophage qui dévore ses verrues, une nymphomane qui se réchauffe le bas-ventre avec des oisons, un vieux croyant, un petit grain dans la tête, mué en cocotte… Dans une obscure effervescence, primitifs et mystiques partagent la même table : « Tolia but, somnolent, son café, sans même retirer son sexe du corps d’Anna ». Cette balade dans cette URSS délabrée et sans âge, vaste terrain vague où les âmes cherchent vainement refuge, nourrira le lecteur avide de cocasserie et de spiritualité kitsch. Né en 1931, l’auteur enseigne la littérature russe à Paris.
Le Serpent à plumes
Traduit du russe
par Anne Coldefy
318 pages, 45 FF
Poches Chatouny
janvier 1999 | Le Matricule des Anges n°25
| par
Philippe Savary
Un livre
Chatouny
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°25
, janvier 1999.