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Domaine étranger Contemporain capital

janvier 2001 | Le Matricule des Anges n°33 | par Dominique Aussenac

Il y a 60 ans, Walter Benjamin, intellectuel brillant et dérangeant se donnait la mort. Publication de deux fragments de son œuvre.

Walter Benjamin (1892-1940) fit partie de ces nombreux émigrés d’outre-Rhin qui trouvèrent refuge en France dans l’entre-deuxguerres et qui suspectés d’être des ennemis de l’intérieur, en 1939, furent internés. Benjamin passa ainsi plusieurs mois au camp de Nevers. Tentant de franchir la frontière à Port-Bou en 1940, capturé, menacé d’être livré à la Gestapo, il s’injecta une dose de morphine.
Né à Berlin, dans une famille bourgeoise d’origine juive, enfant révolté contre son milieu, l’étroitesse de l’Occident, il fut un philosophe fulgurant qui conjugua théologie, métaphysique du langage et marxisme, un subtil critique d’art, étonné qu’on se fût « dépensé en vaines subtilités pour décider si la photographie était ou non un art, mais qu’on ne se fût pas demandé d’abord si cette invention ne transformait pas le caractère général de l’art. » L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique (1936). Benjamin, aujourd’hui, considéré comme un des plus grands critiques littéraires de la première moitié du XXe siècle, écrivit de nombreux essais, fasciné par la littérature française, traduisit Baudelaire et Proust, côtoya Gide, Jouve, Cassou et Jouhandeau.
Les deux textes de Sens unique font partie des écrits fragmentaires des années trente, sa grande œuvre Paris, capitale du XIXe siècle restant inachevée. Enfance berlinoise, collection de textes, publiés autour de 1933, dans le Frankfurter Zeitung, sous un pseudonyme, évoquant le « paysage urbain », la flânerie, l’enfance berlinoise est à lire à l’aune du dernier travail philosophique de l’auteur ; ses Thèses sur la philosophie de l’histoire (1940). Qui sont considérées comme mystiques et messianiques où Benjamin demande au matérialisme historique de réanimer le passé qui reste en souffrance, les espoirs de bonheur déçus des vaincus de l’histoire et notamment les rêves d’enfants non aboutis. Ainsi comme l’écrit pertinemment Jean Lacoste dans la préface « Benjamin retrouve dans l’enfant qu’il a été, non pas un passé révolu qui serait un »temps perdu« , mais une promesse que la vie n’a pas tenue, un avenir qui n’a pas été réalisé ».
La seconde partie, Sens unique, parut en 1928 avec une typographie visant à illustrer la révolution des signes qui s’opérait par publicités et affiches interposées (regrettable que cette présentation ait aujourd’hui disparu). À partir de fragments de textes (annonces de journaux, publicités agressives, plaques officielles, formulations étranges…) l’auteur énonce aphorismes, analyses sociologiques, transcriptions de rêves. Mâtiné de surréalisme, cet ouvrage clame la nécessité d’inventer « un art d’écrire » moderniste. « Ce qui est féodal et prolétarien, c’est le déplacement des accents érotiques, qui se portent sur la publicité. »
Au-delà de prétentions philosophiques, sociologiques, politiques voire même littéraires, c’est surtout l’aspect humain, la fragilité, la sensibilité, la douce brûlure de l’enfance, le pressentiment d’une mort tragique de celui qui écrivit : « Il n’est aucun document de culture qui ne soit aussi document de barbarie » qui irradient ces pages, émeuvent et surprennent.

Walter Benjamin
Sens unique

Traduit de l’allemand
par Jean Lacoste
10/18
188 pages, 44 FF

Contemporain capital Par Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°33 , janvier 2001.
LMDA PDF n°33
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