À propos de Visage de feu, Simone Kaempf, rédactrice au Frankfurter Allgemeine Zeitung écrivait que cette pièce marquait « l’irruption d’une nouvelle génération de créateurs dans le théâtre allemand. Pendant des années, l’accès aux grands théâtres a été fermé aux jeunes dramaturges. Botho Strauss, Peter Handke ou Thomas Bernhard occupaient la place depuis les années 80. Les premiers rénovateurs comme Werner Schwab… sont arrivés trop tôt et s’y sont brûlés. »
Marius von Mayenburg est un jeune écrivain d’une trentaine d’années, propulsé très vite sur le devant de la scène. Il rédige Visage de feu pour obtenir son diplôme d’écriture scénique à l’École des Beaux-arts de Berlin. La pièce obtient en 1998 le prix Kleist. Et Mayenburg est engagé pour deux ans comme dramaturge et auteur maison à la Schaubühne de Berlin.
Ses personnages sont des autistes. Leur vie ressemble à une maladie mortelle, une dégénérescence monstrueuse. Ils n’arrivent ni à naître, ni à enfanter. Le monde n’existe pas pour eux, ils ne regardent qu’à l’intérieur d’eux-mêmes leur propre néant, qui les engloutit et les pousse au meurtre, à la violence ou au suicide. La langue de Mayenburg est dense et sobre, elle accentue encore le côté froid de cette violence. Il n’y a aucune idéologie revendiquée, aucune espérance. Il y a juste ce rien, ce non-être, cette non-vie, ces nombrils monstrueux. « Peut-être que je suis innocent et que je veux juste rester en vie, et que toi tu es beaucoup trop morte » s’explique Petrik dans Parasites.
Dans ces deux textes, une question revient, obsessionnelle : qu’est-ce qui est encore vivant et qu’est-ce qui est déjà mort en nous ?
Visage de feu
Parasites
Marius von Mayenburg
Traduit de l’allemand par M. Blezinger,
L. Muhleisen et G. Milin
L’Arche
122 pages, 77,40 FF (11,80 €)
L. C.
Théâtre Morts-vivants
septembre 2001 | Le Matricule des Anges n°36
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Morts-vivants
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°36
, septembre 2001.