Esther a quarante-cinq ans, elle sait que sa vie n’est pas « la vraie vie », elle a renoncé aux désirs et aux rêves. Seul le passé, peut-être, respire encore en elle, à travers elle, une vieille histoire de la jeunesse -car « les amours sans espoir durent toujours ». Commence une journée d’été, au cœur d’une bourgade qu’on pressent engourdie, une journée qui aurait pu être semblable à toutes les autres, seulement un peu plus chaude, orageuse. Mais Lajos revient -après vingt ans. Que veut-il ? Esther le sait, au fond d’elle-même, et joue à se le dissimuler ; elle l’accueille, le regarde et se souvient. Entre Zweig et Tchékhov, Sándor Márai (1900-1989) nous offre un court drame en un acte, sans mort et sans cris -le drame de l’irréparable et du ressurgi, de cette loi, au-delà de la raison et de la morale, « la loi astronomique inéluctable » : « que soit achevé ce qui a été commencé ».
L’Héritage d’Esther
SÁndor MÁrai
Traduit du hongrois par
Georges Kassai et Zéno Bianu
Le Livre de Poche
156 pages, 5,50 €
Poches L’héritage d’Esther
juillet 2003 | Le Matricule des Anges n°45
| par
Thierry Cecille
Un livre
L’héritage d’Esther
Par
Thierry Cecille
Le Matricule des Anges n°45
, juillet 2003.