La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Essais L’Amérique en archipel

février 2004 | Le Matricule des Anges n°50 | par Nycéphore Burladon

Pierre-Yves Pétillon invite son lecteur à parcourir les sentiers d’un demi-siècle de fictions américaines. Une réédition jubilatoire.

Histoire de la littérature américaine (1939-1989)

Il faut saluer cette nouvelle édition, actualisée par l’auteur, de l’ouvrage essentiel que P.-Y. Pétillon avait fait paraître en 1992. Plus qu’une « histoire » littéraire traditionnelle, ce livre-somme, aux nombreuses annexes, se présente comme une longue balade au travers des terres broussailleuses des fictions d’Amérique le défrichage, et le déchiffrement, des vastes territoires qu’elles ont couverts au cours du second XXe siècle.
Délaissant les principes de structuration habituels de ce genre d’ouvrage (classification par thèmes, auteurs, périodes ou tendances), cette histoire foisonnante se déploie par fiches, par tableaux, qui se succèdent suivant un ordre chronologique parfois volontiers flottant. Chaque fiche est ainsi consacrée à un livre en particulier (Sutree de McCarthy) ou procède, à partir de celui-ci, à une mini radioscopie de l’ensemble de l’œuvre de l’auteur (Brautigan). Pétillon privilégie les textes dans leur singularité, mais n’en oublie pas pour autant d’en éclairer la genèse et la situation. Cette histoire en archipel se constitue des échos intimes et des affinités électives qui se tissent entre les différentes fictions évoquées.
Cette histoire met en évidence que le demi-siècle qu’elle embrasse « n’est après tout que la frange côtière d’un assez vaste arrière-pays ». Les fictions de la seconde moitié du XXe siècle s’inscrivent encore dans les trois problématiques fondamentales de la littérature américaine : l’obsession des signes et le désir d’interprétation ; l’expérience de la fugue dans l’espace sauvage ; la mascarade identitaire et la parodie extravagante. L’obsession des signes et des symptômes (si sensible par exemple chez Thomas Pynchon) est la marque principale laissée par l’héritage puritain et sa passion de l’exégèse biblique. L’expérience de la fugue, de « l’exposition du moi aux terres sauvages », provient de la tradition du récit de captivité. Elle implique une dialectique du clos et de l’ouvert, le face-à-face constant entre l’espace de la colonie et le wilderness, espace immense et ouvert où palpitent toutes les promesses de refondation. La tendance de la fiction américaine à la parodie et à la langue « hénaurme », à l’exubérance narrative et au maniement des masques, répond quant à elle à la nécessité d’enlever un idiome national à et sur l’anglais colonial.
La saga vagabonde de Pétillon débute donc en 1939, année de rupture esthétique et historique. Si, cette année-là, la parution de Finnegans Wake récapitule et met un terme à la grande aventure moderniste, c’est aussi la veine politique et sociale, autre ligne majeure de la littérature américaine des années 30, qui semble briller une dernière fois de tous ses feux dans Les Raisins de la colère de Steinbeck. Mais on assiste, dans le même temps, à l’émergence de nouvelles directions, dont les signes avant-coureurs peuvent être observés dans l’œuvre très peu connue de Delmore Schwartz, In Dreams Begin Responsabilities, à laquelle Pétillon a consacré ses premières pages. Ce sont ces nouvelles orientations (le retrait de l’individu hors de la sphère sociale et le retournement de l’écriture sur le moi intime, l’extravagance et la contestation, la méta-fiction, etc.) qui constituent la matière de l’époque auscultée par Pétillon, celle qui a vu naître les œuvres de Ken Kesey, John Hawkes, Wiliam Gaddis, John Ashbery, ou bien encore Don DeLillo. Au bout de la route, 800 pages plus loin, l’évocation de ce demi-siècle de fiction en Amérique se clôt sur l’évocation de Moon Palace de Paul Auster, roman où s’orchestre, précisément, un mouvement de « retour amont », de remontée jusqu’aux origines mêmes de l’Amérique et de sa littérature.
Ouvrage à l’érudition jubilatoire, servie par une écriture flamboyante à mille lieues de tout jargon, L’Histoire de la littérature américaine de Pétillon est une invitation généreuse à l’exploration… Mais elle est aussi, et ce n’est pas rien, une fabuleuse boîte à idées pour… les éditeurs !

Histoire de la
littérature
américaine
(1939-1989)

Pierre-Yves Pétillon
Fayard
832 pages, 30

L’Amérique en archipel Par Nycéphore Burladon
Le Matricule des Anges n°50 , février 2004.
LMDA papier n°50
6,50 
LMDA PDF n°50
4,00