- Thématiques En route pour l’éveil !
- Thématiques De la musique avant toute prose
- Thématiques Plasticité du poème
- Thématiques Quelle poésie écrivez-vous ? (I)
- Thématiques Le sentiment des choses
- Thématiques L’effet flou
- Thématiques Quelle poésie écrivez-vous ? (II)
- Thématiques Des poètes pour changer
- Thématiques Les corps conducteurs
- Thématiques Quelle poésie écrivez-vous ? (III)
- Thématiques Veiller sur le langage
- Thématiques Quelle poésie écrivez-vous ? (IV)
> antoine émaz
Pourquoi la poésie, aujourd’hui ? Peut-être parce que, dans un monde de moins en moins humain, elle témoigne avec force de la nécessité vitale de « l’espace du dedans » et de l’attention au dehors. Au plus haut degré, elle est aussi affirmation de lucidité et de liberté face à l’aliénation, la bêtise, l’écrasement. Elle ne rêve pas ; elle maintient, même peu, même misérablement, du possible. Un poème, au plus sombre du sombre, crie comme Caligula à la fin de la pièce : « je suis encore vivant ! »
Pour moi, écrire un poème revient à écrire une tension à l’intérieur d’un champ de forces, variables et mouvantes, dont les pôles sont à peu près : émotion, sensation, mémoire, langue. Tout événement, minime ou énorme, personnel ou collectif, peut provoquer l’écriture, dès lors qu’il atteint ce degré d’intensité qui coupe le souffle, ôte la parole. Il n’y a ni thèmes choisis ni formes prévues ; tout se joue en même temps, d’un même mouvement, dans l’acte d’écrire en réponse à ce brusque manque d’air. Écrire un poème, c’est reprendre sa respiration contre ce qui nous l’a enlevée. Ensuite, c’est du travail. Enfin, et au mieux, c’est retrouver l’autre.
Dernier livre paru : Lichen, lichen (Rehauts)
> véronique pittolo
J’écris une poésie hybride, « impure », qui mêle les genres. Mon unité est la phrase ou le paragraphe, la phrase et non le vers, ou alors un vers remodelé vers une possibilité narrative. La forme brève me convient parce qu’elle me permet de produire des effets de rupture. J’aime faire pivoter les genres, trouver mon inspiration en dehors du domaine strictement poétique (cinéma, conte, opéra). Je peux ainsi me livrer à un processus de décantation : ôter le narratif de la narration, n’en garder que les contours, quelque chose comme une figure en pointillés, infiniment remodelable (Héros, Schrek, Chaperon loup farci). Si je raconte quelque chose, c’est avec la densité de la forme poétique, sa concision, son économie grammaticale et sa capacité de simplification.
Dans Gary Cooper ne lisait pas de livres (à paraître aux éd. Al Dante en mai), je mêle des souvenirs fragmentaires de films à des éléments inventés de la vie des acteurs. Il s’agit de micro-narrations qui se présentent comme des poèmes en prose. Tous les personnages que je traite sont des acteurs célèbres, le plus souvent issus du cinéma hollywoodien. Ils sont remodelés en figures de fiction car je pars du principe qu’aux yeux de tout spectateur, l’acteur célèbre, la star, est une fiction.
Dernier livre paru : Chaperon loup farci (La Main courante)
> christophe fiat
La poésie est épique. J’entends par poésie un faire de la langue et par épique un engagement furieux dans l’époque. Ce faire de la langue est complexe aujourd’hui parce qu’il multiplie et les modalités rhétoriques (les différentes formes d’actes de langage : cut up, work in progress, ready made, patchwork qui culminent...