Proche de Michel Foucault depuis leur rencontre à l’Université de Vincennes, Alain Jaubert a participé à de nombreuses luttes à ses côtés. L’intervention du Groupe d’Information sur les Prisons (GIP) au siège du ministère de la Justice, le 17 janvier 1972, est l’une des plus marquantes. Parmi les troupes rassemblées autour de Foucault, ce jour-là, quelques hussards prêts à en découdre avec le pouvoir : Gilles Deleuze, Jean-Paul Sartre, André Glucksman, Jacques-Alain Miller, Claude Mauriac et… Alain Jaubert. Michel Foucault, une journée particulière, publié par la maison d’édition lyonnaise Ædelsa, rend compte de cette journée grâce aux photographies d’Élie Kagan prises dans le feu de l’action et aux textes d’Alain Jaubert et Philippe Artières. Une immersion dans l’atmosphère jubilatoire des combats de l’époque contre l’État répressif.
Extrait : « Aussitôt deux policiers me sautent dessus, m’agrippent les bras et veulent m’entraîner à l’intérieur. (…) Alors, Sartre, qui se trouve juste à côté de moi me ceinture tel un rugbyman. (…) Deleuze et Foucault l’imitent, chacun me saisissant un bras. Poignes de fer eux aussi. Claude Mauriac interpose son grand corps et me repousse vers la place sans même tenir compte de la présence des deux policiers, comme s’ils n’étaient que des nains. (…)
Tout en résistant farouchement nous ne pouvons nous empêcher de rire tous, comme des collégiens dans un monôme. Sartre pouffe de rire. Foucault éclate. Deleuze s’étrangle. C’est une sorte de jeu burlesque. Ils ont l’occasion d’utiliser leur force, ils découvrent qu’à trois ils en ont pas mal, ils sont surpris de venir à bout si aisément de deux jeunes policiers costauds. » (Alain Jaubert)