Trois histoires s’entrecroisent pour n’en faire qu’une. Sans qu’il y ait forcément un dénouement, une explication, voire une morale. Tout ici est sous-entendu, suggéré, peint comme un tableau pointilliste. Traverse ces histoires, Irène, jeune fille plutôt jolie et franchement bègue. 1) Elle a fui sa province pour Paris, travaille comme fleuriste, vit avec Soho, une Asiatique cultivée. 2) Son passé familial cache un lourd secret, des bribes de culpabilité, des zones troubles. Sa sœur incarnait la liberté, l’amour aussi. Elle s’est perdue en mer. 3) Irène va se laisser entraîner par un homme mûr, Petronijevic, dans une frénétique danse d’amour, jusqu’à se noyer, toucher le fond. À corps et âmes perdus, elle rejoindra sa sœur dans cette situation en miroir, fusionnant jusqu’à la perte d’identité.
Il paraît que les fleurs ne sont finalement que des sexes tendus, lovés, invaginés. Ce premier roman parle méticuleusement de fleurs et de sexe sans jamais être impudique. En revanche, il tait beaucoup de choses, notamment les sentiments, qui finissent par devenir dérangeants, ambigus. Nathalie Démoulin (née à Besançon en 1968) dépeint avec finesse la ferme familiale, sa dureté, ses bassesses, ses trahisons. Du contraste entre ce terreau mortifère, noir et froid et les lumières blanches de la vie urbaine naît une beauté trouble.
Après la forêt de Nathalie Démoulin
Éditions du Rouergue, 127 pages, 9 €
Domaine français Transi de fleurs
avril 2005 | Le Matricule des Anges n°62
| par
Dominique Aussenac
Un livre
Transi de fleurs
Par
Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°62
, avril 2005.