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Poésie L’arc bandé de Minière

janvier 2006 | Le Matricule des Anges n°69 | par Emmanuel Laugier

L’écrivain interroge, avec trois livres méditatifs, dont un journal récent en forme de vrac, le décochement précis du poème, son calcul et sa raison.

Pall mall Journal 2000-2003

Auteur de plus de vingt livres, partagés entre essais sur la peinture (Claude Viallat, Balthus) et poésie (Lucrèce, Hymne), traducteur d’Ezra Pound et longtemps directeur de l’École nationale d’Art décoratif de Limoges, Claude Minière construit discrètement une œuvre des plus singulières dans le champ de la poésie française contemporaine. Les trois livres qui paraissent le montrent sans détour, quand même ce n’est pas strictement le vers, tel qu’il syncopait savamment Hymne, auquel a ici recours Claude Minière, mais l’étirement rythmique de la prose. Qu’elle se love au le jour le jour d’un journal écrit entre 2000 et 2003, se découpe en vingt leçons dans son Traité du scandale ou s’invente des directions de formats ou de vitesses que seule une totalité ouverte comme le poème peut créer (Perfection), on comprend qu’il a été question là de saisir le vol et moins la cible de ce que l’exercice de l’écriture (au sens d’une mise en mouvement) concentre et relâche. Le poème : « Cible, il vibre encore de la flèche décochée « en marge ». Résonance du coup. (…). Le poème tranche. Il saisit (un saisissement du réel, par le délire). Manière de rompre le silence (de « rompre des lances »), de couper le souffle. Manière de prendre le vide et de perdre le souffle. Adossé au vide, par lui « justifié » » dit la seconde leçon du Traité du scandale. Entre la pratique zen pliée dans l’arc du poème et l’énigme laissée, telle la sandale d’Empédocle abandonnée au bord du cratère où il mit fin à ses jours, Claude Minière cherche la voie qui permettrait, aujourd’hui, au poème d’être la navette ultra-rapide de ce que l’époque s’évertue à nous renvoyer de misère, d’effondrements, de régression et de bassesses larvées.
La question posée, au nœud même de sa contradiction intenable, ne se résoudra certes pas avec ces trois livres, ni avec aucun, mais Minière a pourtant le tact de ne pas la croire obsolète, et de s’y tenir comme dans un « j’y suis » impossible et rimbaldien. Que faire alors, comment le poème peut-il répondre s’il ne vise rien que l’espace où sa flèche se perdra, sinon se porter vers ce qui, dans le temps, n’est pas encore formulé, envisagé, ou donné : de là qu’ « écrire de la poésie aujourd’hui pourrait bien être en soi un scandale. C’est une manière de s’empêcher d’écrire d’écrire dans des formes dont l’usage social soit assuré (roman, essai). S’en empêcher pour la raison (la déraison) qu’il y aurait trop à écrire. Donc, une forme restreinte, un grattage, une manière de travailler le creusement (…). Une manière d’assouplir l’angoisse, de ployer, déployer et reployer le corps de ce creux ». De là, il est sûr que les proses quasi flashées de Perfection en sont la plus parfaite réponse, ses exercices d’approches perceptifs les plus rapides et les plus saisissants, à l’exemple d’un « sans comparaison » où ils livrent telle parole : « je vous parle la langue de tous les jours. Je vous parle.// Le tranchant de la décision unit. Le recueil ouvre. Par la répétition je suis instruit du battement (…)// Ce buisson de genêts tient le sable dans le vent.// Mes notes tiennent. Elles tiennent la route, et le champ de lin bleu et, là-bas, la mer violette ». Forme sobre, retenue et néanmoins compactée, où l’énonciation de choses élémentaires (paysages, fleurs) répond aux espaces contemporains (autoroutes, supermarchés), tandis que le journal Pall Mall (pêle-mêle) accompagne, lui, l’idée d’un réenchantement lucide du monde, soit d’une critique du nihilisme où sera finalement demandé qui, du monde, ou des hommes, s’obscurcit le plus, jusqu’au retrait…

Claude MiniÈre
Pall Mall
(Journal 2000-2003)

Comp’Act
132 pages, 19
Perfection
Éditions Rouge profond
56 pages, 10
Traité
du scandale

Éditions Rouge profond
56 pages, 10

L’arc bandé de Minière Par Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°69 , janvier 2006.
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