Jean-Michel Espitallier est poète. Son nouveau livre Tractatus Logo Mecanicus paraît prochainement chez Al Dante. Parallèlement à son travail de création, il avait fait paraître chez Pocket, en 2000, Pièces détachées « Une anthologie de la poésie française d’aujourd’hui ». « Une » anthologie, subjective, faisant la part belle aux poètes que la revue Java qu’il co-dirigea aimait à présenter. Après « Une » anthologie, voici « Un » panorama de la poésie française aujourd’hui. Caisse à outils : un essai vif, documenté et souvent drôle. Un livre de premier secours pour tout lecteur qui se sentirait égaré dans le labyrinthe des écritures d’aujourd’hui. Du minéral au littéral, de la performance au rock, du ready-made au génie comique, de la poésie sonore à la poésie concrète : une cartographie volontairement subjective et assumée comme telle ; un passage en revue des esthétiques et formes contemporaines, agrémenté de bibliographies nourries. Conversation avec l’auteur.
Ce nouveau livre fait suite à Pièces détachées. Le succès rencontré par cette anthologie vous avait-il surpris ?
Fin 98, j’avais été contacté par François Laurent, éditeur de Pocket que j’avais précédemment croisé dans l’édition. Il souhaitait que j’élabore une anthologie de la poésie contemporaine. J’étais interrogé : Pocket, la poésie contemporaine… et puis je me disais : si je fais une anthologie ce sera celle des gens que j’aime. L’envie de cet éditeur m’a convaincu. Je pensais vendre deux à trois milles exemplaires. L’accueil a été très bon, le premier tirage vite épuisé, nous avons vendu dix mille exemplaires. Oui, un tel succès m’a surpris.
Comment est née l’idée de Caisse à outils ?
Le succès de l’anthologie a aidé à montrer qu’il y avait un vrai lectorat pour la poésie contemporaine. Faisant aussi de nombreuses lectures, conférences, ateliers, débats, j’avais déjà pu le constater. Comme j’ai pu constater aussi que l’anthologie n’était pas suffisante en elle-même. D’une part en raison de sa part subjective, assumée comme telle. D’autre part parce que je voyais que des lecteurs curieux de la poésie contemporaine ne savaient par quel bout la prendre. J’ai revu mon éditeur en 2002 et lui ai dit que je pensais qu’il fallait maintenant expliquer un peu les choses. Il m’a engagé à le faire.
Ici aussi, il y a une subjectivité assumée. C’est le panorama d’un poète « confronté aux travaux qui le provoquent ».
Ce n’est pas le livre d’un essayiste mais celui d’un écrivain qui est lui-même dans la marmite. J’ai vraiment voulu affirmer une espèce d’esthétique en évoquant ce qui m’a travaillé et me paraît le plus saillant aujourd’hui. Il y a un cœur que l’on retrouve dans l’anthologie, aussi : on dira, dans un sens très large, très flou, très imparfait, tout ce qui est « expérimental » en quelque sorte même si, par ailleurs, je dis que toute poésie est de l’expérimentation. Mais j’ai voulu ici être le plus large possible dans cette...
Entretiens Le poète et le mécano
avril 2006 | Le Matricule des Anges n°72
| par
Pierre Hild
Avec « Caisse à outils », Jean-Michel Espitallier propose quelques clefs et pistes de lecture pour les curieux de poésie contemporaine. Un essai simple, pratique, qui vient combler un manque.
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