Un livre

La Tentation de l’après

de Emily Tanimura

Editions Gallimard

Elle a 15 ans, l’impossible innocence de sa lucidité, l’insoumission dédaigneuse de celle qui, se découvrant être de désirs, est entrée dans ce moment où adolescence rime avec attente. « Je ne sais plus inventer d’histoires. Maintenant j’attends qu’elles me viennent de l’extérieur. J’attends les histoires qui m’inventeront. » Animée de la foi qui déplace les regards, et jouant de la force de séduction qui transforme le corps en signe, elle jette son dévolu sur un homme de 50 ans. « J’ai choisi un homme que tout éloigne le plus possible de mon monde, son âge, son accent étranger. » Début d’une relation qu’elle va vivre comme elle a tenté d’apprendre le piano : en rêvant d’« une séquence parfaite, immaculée. » C’est d’ailleurs sa voix et son accent qu’elle aime le plus chez lui comme s’il incarnait un peu de ce mystère qui fait la musique.
Mais, s’il y a bien primat de la parole sur le corps, il y a aussi la volonté de traverser au plus vite le miroir où s’affole le kaléidoscope des représentations frelatées de l’idéal. « Je suis consciente que je n’avais pas envie de faire l’amour, mais simplement d’avoir fait l’amour. »
Une façon d’avoir un passé sans pour autant aspirer, comme la « nymphette » de Nabokov, à un avenir. « Il veut toujours aller plus loin. Je ne vois pas comment ce serait possible. Il m’a dépucelée. Maintenant que c’est fait, il cherche encore autre chose. Que peut-il y avoir au-delà ? » Pour elle rien de plus abstrait que l’avenir. Vivre, c’est nager en apnée dans l’immanence. « Je l’ai voulu mais je ne sais pas quoi faire de lui, pas plus que des robes de soirée pendues dans mon armoire et que je ne mettrai jamais. » Il aura été… Au même titre que la robe bleu clair, qu’à la fin de l’histoire, elle ne retrouve plus. Un premier roman écrit directement en français par une Suédoise de 27 ans, qui vit à Paris.

La Tentation de l’après d’Emily Tanimura
Gallimard, 140 pages, 12,50 €