Les Enfants du jazz : Tales of the Jazz Age (bilingue anglais)
Véritable mythe des « Années folles », Francis Scott Fitzgerald est souvent associé à d’inévitables clichés qui occultent ses talents d’écrivain. La parution en édition bilingue de quatre nouvelles de jeunesse choisies parmi Les Histoires de l’âge du jazz (1926) offre l’opportunité de redécouvrir le charme de son écriture dont les images révèlent les ressentis les plus fugaces par le jeu des infinies nuances de la lumière. Autant d’instants, autant de miroitements reflétant son regard désenchanté sur un monde qui n’est léger qu’en apparence.
Lors d’une soirée mondaine dans une petite ville de Géorgie, « Guimauve » dont le seul talent est de tricher aux dés, va tomber amoureux d’une de ces jeunes filles « délicatement colorées » telles « des figurines en porcelaine ». Au XVIe siècle un homme s’enfuit à travers les sombres rues de Londres. Qui est ce « Tarquin des bas quartiers » écrivant à la lueur d’une bougie ? Il a « le visage blafard où brûlent comme des lettres de feu ses yeux égarés ». Passager d’un tramway, Jim Mather brave type toujours prêt à aider ses amis regagne son domicile. Cet homme se sent piégé alors que « la brise dorée chasse de la voiture les derniers relents de l’hiver ». Dans les montagnes du Kentucky deux familles s’affrontent en se jetant du whisky brûlant ce qui n’empêchera pas l’amour de naître entre « Jemina la fille des montagnes » et un bel étranger.
Chaque nouvelle est une rencontre avec la fatalité. « Guimauve » après les griseries de l’alcool et du jeu connaîtra la plus amère désillusion. « Tarquin », fantasmagorie d’ombre et de lumière, se termine par une révélation étrange, « Chaud et froid » par l’assombrissement à jamais de la vie de Jim Mather, « Jemina » parodie alerte et délirante par la mort des amoureux. Chez Fitzgerald, l’humour désabusé et les images aux frêles couleurs conduisent à ce moment où s’éteint la flamme vacillante des rêves factices.
Les Enfants du jazz
de Francis Scott Fitzgerald
Traduit de l’américain par Suzanne Mayoux
Folio bilingue, 185 pages, 7 €