Un morceau de météorite, un téléphone à cadran tournant, un châle de soie de mer tricoté au XIXe siècle, une mâchoire d’enfant homo sapiens. Des vestiges. De ces pièces issues du nouveau musée des Confluences de Lyon, Valérie Rouzeau, Jean-Bernard Pouy, Emmanuelle Pagano et Philippe Forest tissent des « Récits d’objets » inattendus.
« Les relations entre l’image et le texte m’ont toujours intéressé », explique Dominique Tourte, 51 ans. Après un cursus en arts plastiques et histoire de l’art à Lille, ce natif des Ardennes se lance dans le design graphique. Il travaille pour les théâtres, les musées régionaux. D’abord en indépendant, puis crée l’agence Invenit en 2001. Mais l’objet-livre le passionne. « Et pour publier des catalogues d’exposition, mieux valait être éditeur ». L’acte de naissance des éditions Invenit, en 2008, prendra la forme d’un album illustré, Le Feu, d’après Henri Barbusse, mis en images par l’auteur de BD François Boucq. « J’avais un coup de cœur pour ce texte sur la Grande Guerre. C’est mon grand-père qui me l’a fait découvrir. » Spécialisé dans l’art et le patrimoine (souvent en coédition : musée de La Piscine à Tourcoing, le Miam de Sète, le Louvre-Lens…), Invenit ouvre sa première collection, « Ekphrasis », en 2010. Le principe est simple : un musée, un écrivain, une œuvre. Sylvie Germain s’empare du Paysage avec saint Christophe de Joachim Patinir, Maurice Pons de L’Île engloutie de Paul Klee, Alain Fleischer de Vers l’empreinte immaculée de Simon Hentaï. Au total : une trentaine de contributions (ou plutôt lectures) signées Jean-Pierre Spilmont, Blas de Roblès, Franz Bartelt, Jacques Jouet, Hubert Haddad, Fernando Arrabal… « Une communauté sensible », résume Dominique Tourte. En latin, Invenit peut signifier « il rencontre », « il invente » et « il trouve ». Quel plus beau pari pour une jeune maison d’édition ?
Dominique Tourte, comment est née cette nouvelle collection, « Récits d’objets », coéditée avec le musée des Confluences de Lyon ? Depuis 2009, votre travail éditorial s’attache plutôt à valoriser le patrimoine des musées du Nord-Pas-de-Calais.
En juillet 2013, nous avons répondu à un appel d’offres lancé par le musée des Confluences pour la création, dans la perspective de son ouverture, d’une collection dont le principe m’a semblé très cousin de notre collection « Ekphrasis ». Un marché sur trois ans nous a été attribué avec le projet de réaliser une douzaine de titres sur ces trois ans. Dans sa vision muséographique originale, l’équipe du musée souhaitait inscrire la notion de récit au cœur du projet ; le récit entendu dans un sens très large, y compris littéraire.
Même si notre ligne éditoriale s’est construite sur un patrimoine que je connais bien depuis longtemps, celui des musées de la région Nord-Pas-de-Calais, j’ai entrepris depuis un moment déjà d’élargir notre paysage de travail.
Comment l’auteur choisit-il l’objet sur lequel il va écrire ?
Les...
