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Théâtre Addiction verbale

mars 2016 | Le Matricule des Anges n°171 | par Patrick Gay Bellile

Avec Sébastien Barrier, le vin naturel libère la parole. Pour enfanter une épopée miniature, drôle et généreuse.

Savoir enfin qui nous buvons

Voilà un drôle de bouquin écrit par un curieux bonhomme. Qui nous relate par le menu comment il a imaginé un spectacle d’une durée approximative de plus ou moins sept heures, après avoir rencontré et sympathisé avec des vignerons ayant choisi de faire du vin sans adjonction de produits chimiques et comment il a décidé de raconter au monde entier ce vin et ces rencontres. Un drôle de bouquin dont on ressort un peu titubant, comme on remonte d’une cave lorsque son propriétaire a tenu à vous faire goûter sa production, toute sa production. Incertain des propos qui s’y sont tenus, persuadé tout de même que tous les grands sujets ont été abordés et que le monde s’en trouvera changé à jamais, porteur d’un regard différent sur les gens et les choses alentour et riche de nouveaux amis avec lesquels une prochaine rencontre ne manquera pas d’évoquer joyeusement les péripéties de la première. Mais revenons à notre curieux bonhomme.
Sébastien Barrier est comédien, échappé d’une compagnie pour poursuivre un destin solitaire, une sorte de clown adepte d’un théâtre de rue improvisé et braillard. Il accouche d’un personnage de marin prêcheur de Douarnenez nommé Ronan Tablantec (« j’avais choisi ce prénom car je le croyais ridicule ») et le promène un peu partout avec bonheur jusqu’au Vini Circus de Rennes, un salon de vins naturels, où il est invité par Antoine Cointre, cuisinier ambulant. « Il m’avait vu officier dans mon costume breton sur une place d’Aurillac ». Pas de problèmes, sauf que les hasards du calendrier font qu’il s’y produit le lendemain d’une énorme cuite. « Je bois tout, absolument tout et n’importe quoi. Je parle à tout le monde, mémorise les prénoms, trouve un mot juste pour chacun de mes partenaires de cuite, suis bizarrement capable d’écouter, monopolise de nouveau la parole, mets les gens en relation, trouve des mots qui soulagent, débute cinq conversations à la fois, en oublie trois en route, commence à trébucher, séduit tous azimuts, me frotte aux plus dangereux, désamorce à tout va, me les mets dans la poche, me sens hyperconcerné par tout, par absolument tout, et bois, bois, bois, et bois encore parce que je suis sauvé. Puis je m’effondre et plonge dans le noir. » Et que de son propre point de vue, il n’est, ce jour-là, pas très bon. Tout part de là.
Deux ans plus tard, après de nombreuses rencontres, entretiens, collectages et après avoir vidé bon nombre de bouteilles en joyeuse compagnie, il décide de ranger Tablantec et de se lancer dans un spectacle qui raconterait tout cela. Un spectacle qui a vu le jour à la Scène Nationale de Calais, et qui depuis tourne partout en France. Et de cette aventure, Sébastien Barrier extrait un livre. Comme sorti du pressoir. Un livre qui pourrait n’être qu’un récit, le témoignage d’une expérience mais qui est bien autre chose. Parce que Sébastien Barrier, adepte de l’oral et de la rencontre directe, est un manieur de phrases, un jongleur de mots. Il se saoule de verbe autant que de vin naturel et nous parle ensuite comme à des amis pour nous dire ses aventures, ses rencontres, ses abandons, ses regrets, ses tristesses, ses doutes, ses histoires et ses déboires d’amour. Parce que cette aventure humaine il nous la raconte avec tout ce qu’elle comporte d’émotions, de tendresse, d’angoisses et de solitude. Et ce livre, à l’image du bonhomme, est aussi un curieux objet : grand format, souple, généreux, bourré de photos dont il faut bien sûr parler. Celles réalisées par Yohanne Lamoulère occupent le cœur du livre et rendent hommage à la bande de vignerons complices de l’auteur. Et puis les autres, prises avec son téléphone portable, et « montrant, l’alcool aidant, des mines réjouies et des visages souriants  ». Parfois floues, mal cadrées, anecdotiques, elles racontent un quotidien, un travail, une vie, sa vie devenue spectacle.
Patrick Gay-Bellile

SAVOIR ENFIN QUI NOUS BUVONS
de Sébastien Barrier
Actes Sud, 232 pages, 35


Addiction verbale Par Patrick Gay Bellile
Le Matricule des Anges n°171 , mars 2016.
LMDA papier n°171
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LMDA PDF n°171
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