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Domaine étranger Marigold et Rose de Louise Glück

février 2025 | Le Matricule des Anges n°260 | par Chloé Brendlé

L’une est introvertie et a un plan de vie (écrire), l’autre, sociable et pragmatique, suit son instinct et vit plutôt dans l’instant (séduire). Le prénom de la première désigne en anglais la fleur du souci ; celui de la seconde symbolise la fleur par excellence. Les deux sont sœurs jumelles ; quand on fait leur connaissance, elles n’ont pas encore atteint leur premier anniversaire. Du monde intérieur des bébés, que peut-on bien dire ? Dans Marigold et Rose, la poétesse américaine Louise Glück, prix Nobel de littérature (en 2020), décédée en 2023, s’est essayée à cet exercice périlleux d’imaginer la pensée d’avant les mots et de retranscrire l’étonnement perpétuel face au monde, extérieur.
Ultime récit de son autrice et unique au sein d’une œuvre principalement poétique (citons L’Iris sauvage), ce bref livre restitue un peu de ce temps ambigu où l’on est à la fois choyés et peu considérés (les jumelles sont perçues tour à tour « comme des pigeons au jardin public », devant se contenter des vagues informations qu’on leur jette, et comme de mignons poussins « alors qu’il était parfaitement évident qu’elles étaient des bébés humains »), ce temps dont on ne se souviendra plus, qui était à la fois infini et provisoire, cotonneux et angoissant. L’écrivaine ne feint pas le réalisme ; elle mêle distance narrative et humour, procède par ellipses et par saynètes (dont on pourrait presque extraire des haïkus), avance à partir des expressions auxquelles tentent de s’accrocher les sœurs (« aller au paradis », « once upon a time »…) et joue avec les mots, glissant par exemple de la peau irritée du bébé au caractère irrité du père. Sans esbroufe, elle nous fait traverser les expériences transgénérationnelles de la jalousie, de la peur de la mort, de la nostalgie de la fusion et des malentendus de la communication. Dans ses meilleurs passages, on éprouve le vertige de l’écrivaine : « Parfois elle pensait qu’elle pourrait simplement sauter la parole, et attendre l’écriture ».

Chloé Brendlé

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie Olivier, Gallimard, 75 pages, 12

Marigold et Rose de Louise Glück Par Chloé Brendlé
Le Matricule des Anges n°260 , février 2025.
LMDA papier n°260
7,30  / 8,30  (hors France)
LMDA PDF n°260
4,50