RUBRIQUE Entretiens
Les articles
Le vilain rêve
De l’utilité de lire Le Grand Sommeil dans la retraduction de Benoît Tadié, qui rend au premier roman de Chandler sa singularité triste et toujours frémissante.
Évidemment, on se souvient de l’adaptation d’Howard Hawks : clair-obscur au cordeau, récit au galop, érotisme incisif des dialogues Bogart/Bacall. Sauf que leur couple ne s’est jamais formé chez Raymond Chandler (où le détective Philip Marlowe repoussait toute manipulation des dames) ; que l’histoire y était beaucoup plus composite (Chandler ayant fondu l’intrigue de deux nouvelles antérieures, et se fichant assez d’une vraisemblance que le style seul se chargeait d’assurer) ; que la couleur d’ensemble du roman tirait, plutôt que vers le noir et blanc classieux consacré par la tradition,...
Un auteur
L’écart à bout portant
Louis-René des Forêts et Bernard Noël furent les premiers lecteurs attentifs des livres de Nicolas Pesquès. Rencontre avec un poète d’une extrême rigueur…
Le regard enfoncé, les arcades saillantes, le visage étroit, effilé, répondant aux questions après un moment de silence, pesant ses mots et essayant d’y faire entrer l’expérience qu’il a de la poésie, c’est à Montrouge, dans un carré de jardin, que Nicolas Pesquès a parlé de son attachement à la colline de Juliau (Ardèche), de son admiration pour Jacques Dupin (Cf. Balises pour J. Dupin,...
Un auteur
Julia O’Foalain, l’expatriée
Inconnue ici, l’Irlandaise Julia O’Faolain publie Gens sans terre, un grand roman salué dans le monde anglo-saxon lors de sa parution en 1980. Vue panoramique sur une société fascinée par son histoire.
Née à Dublin en 1932, Julia O’Faolain vit hors d’Irlande. D’Angleterre en Californie, elle écrit sans quitter des yeux sa nation mise à mal par des siècles de pauvreté, des années de guérilla. Avec Gens sans terre, la romancière donne un éclairage nouveau au tableau d’une Irlande résistant à la perfide Albion. Entre les combats nationalistes des années vingt et les récents troubles d’Ulster,...
Un auteur
Manuel Vázquez Montalbán entre mémoire et désir
Dans une Espagne qui rêve d’Europe pour oublier ses scandales politiques, Vásquez Montalbán poursuit, plus proche d’un Sciascia que d’un Chandler, sa comédie humaine de la transition démocratique.
Livre après livre, influencé par l’importance accordée à la cuisine dans son univers romanesque et par la prolixité polygraphique du Catalan, le lecteur de Manuel Vásquez Montalbán finit par l’imaginer comme un ogre, une sorte d’Orson Welles. Contre toute attente, Vásquez Montalbán est un petit homme qui a le sens de la mesure. Il est sûr de lui. On le sent capable de parler de tout. Rien ne...
Un auteur
Andrée Chédid : l’humain de la métaphore
Au fil des romans et des nouvelles, Par delà les mots, paru chez Flammarion, reprend la quête insatiable du poème.
Née au Caire, résidant à Paris depuis 1946, Andrée Chédid parle avec un accent qui lui donne une voix chaude, grave et qui fait un peu rouler les r. Peu de son enfance, ou de sa vie personnelle. Ses nombreux romans, s’ils lui permettent de projeter parfois des figures de sa vie intérieure, sont sa manière la plus claire d’être présente au monde, à la communauté des hommes. Son véritable...