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Histoire littéraire Quand Cocteau se met à nu

novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°2

Les toutes jeunes éditions Passage du Marais redécouvrent Le livre blanc de Jean Cocteau. Véritable hymne à l’homosexualité ce texte ébauche les thèmes principaux de l’oeuvre du poète.

La couverture du livre est blanche, avec un fin bandeau vertical qui reprend sur fond orange, le logo de la maison d’édition. Présentation simple, retenue, fidèle au roman publié anonymement en 1928 et à demi-reconnu (comme l’on reconnaîtrait son enfant) par Jean Cocteau, deux ans plus tard lors de sa commercialisation par les Éditions du Signe. A notre connaissance ce texte n’était plus disponible malgré sa réédition en 1983 par Messines.
Cette redécouverte est l’oeuvre de Passage du Marais, jeune maison fondée par Alexander Wilson, un anglais de 33 ans, diplômé d’Oxford, et Pascal Piet, 32 ans, rescapé du monde de la publicité. Les deux compères ont voulu reprendre l’édition de 1930, avec les 18 dessins couleurs de l’artiste et sa lettre manuscrite qui en fait aujourd’hui l’auteur incontesté. « … quelque soit le bien que je pense de ce livre. écrivait Cocteau, serait-il même de moi je ne voudrais pas le signer parce qu’il prendrait forme d’autobiographie et que je me réserve d’écrire la mienne, beaucoup plus singulière encore. »
Le scandale que fit l’ouvrage peut également expliquer les réticences du poète à signer un texte plein d’embarras à venir pour son auteur. En évoquant sans retenue les affres et les délices de l’homosexualité, Le Livre blanc est avec La Difficulté d ’être (aux éditions du Rocher) le livre le plus intime du poète. On y retrouve le Dargelos des Enfants terribles, élève au lycée Condorcet, jouissant « d’un grand prestige à cause d’une virilité très au-dessus de son âge ». Drôle de lycée où chacun y va de sa petite masturbation en plein cours, presque sous les yeux du professeur. Il y a sous la plume de Cocteau, une vie brûlante que les mots ont quelques difficultés à retenir, une urgence à se souvenir des premiers émois pour un sexe qu’à défaut de qualifier de fort l’auteur trouve très beau. Les premiers amants ont le corps des personnages que Cocteau peintre ne cessera de coucher sur sa toile, « Corps parfait, gréé de muscles comme un navire de cordages et dont les membres paraissent s’évanouir en étoile autour d une toison où se soulève, alors que la femme est construite pour feindre, la seule chose qui ne sache pas mentir chez l’homme. »
Face à cette sensualité exacerbée, le narrateur ne parvient pas à se comporter en esthète serein. Trop proche encore de Rimbaud, marqué par sa relation orageuse avec « H. »(Radiguet ?), il se laisse emporter dans des effusions passionnelles qui lui retirent toute maîtrise de soi. Équilibriste fébrile, il frôle sans cesse la chute dans la folie. Le Livre blanc recèle toute la fantaisie de Cocteau, mais elle est incandescente et l’écrivain en est encore à fourbir ses armes de séducteur.

Le Livre blanc
Jean Cocteau
Passage du Marais
85 pages, 165 FF

Quand Cocteau se met à nu
Le Matricule des Anges n°2 , novembre 1992.