La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Poésie Carré blanc sur fond blanc

juin 1995 | Le Matricule des Anges n°12 | par Emmanuel Laugier

La Chambre vide, dernier livre de poèmes de Jacques Ancet (né en 1942 à Lyon), auteur d’une dizaine de recueils et d’un roman -L’Insignifiant- traducteur de poètes espagnols modernes, tels que Luis Cernuda ou José Angel Valente, est arraché à la perte de la femme aimée. Toutefois, la chambre en question est « une sorte de remuement clair », une « noirceur, blanche », moins le lieu du ressouvenir que celui où toute l’absence se marque. « Les choses tombent, comme/ aspirées » entre ces quatre murs. Cette pièce n’apparaît plus comme le lieu d’une transparence que l’amour voulut, mais est cernée par le vide : d’ici « La voix qui va parler est sans bouche », d’ici « Souffrance et lumière/ font un alliage blanc ». Cette chambre, Jacques Ancet n’y revient que pour se déposséder de l’aliénation d’un passé à jamais révolu, tombé lui-même dans la catastrophe de la perte.
La scansion de cette écriture, à la limite parfois du littéral - « de près/ c’est ton odeur » -, lie dans un poème à la forme simple, comme dans Le Bruit du monde (éd. Paroles d’Aube, 1993), les morceaux épars du quotidien, une lampe, un lit, la table, le fauteuil, le bar-tabac, la gare, et les mouvements simples du corps, comment il respire, se raidit dans la peur, renaît quand il n’était que « des membres qui s’éparpillent/ noirs dans la foudre blanche ».
Ces poèmes évitent tout apitoiement sur soi. Ils disent presque froidement, dans la pudeur ou la réserve, ce qu’il en coûte d’être écarté par l’absence de celui ou celle qui compte : « ton ombre m’écorche/ Je regarde la vie dont tu m’exclus ». Ils sont arrachés à la « douceur impitoyable« du »pleur de l’amour cherchant/ l’amour ». Oui, Jacques Ancet peut dire, « souffle coupé », « Quelque chose, comme un sanglot », puis un allègement : sortir du malheur, c’est créer un espace où revivre et partir d’un « fond/ irrémédiablement blanc », comme laver un sol, effacer les traces qui encombrent et pèsent.
Jacques Ancet ou la nécessité de la dépossession comme vouloir-vivre.

La Chambre vide
Jacques Ancet

Lettres vives /
Collection Terre de poésie
75 pages, 79 FF

Carré blanc sur fond blanc Par Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°12 , juin 1995.