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Domaine français Exercice de style

novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14 | par Thierry Guichard

Le Prince de la fourchette

Olivier Bleys n’a pas l’âge de son écriture : cet auteur de vingt-cinq ans s’est amusé (la jubilation pointe à travers certaines phrases) à imiter les grands anciens, ceux que l’Éducation nationale impose à notre fréquentation. On trouve, entre autres, beaucoup de Rabelais, une pincée de Villon, un quintal de Voltaire et une légère dose de Marivaux dans cette cuisine où le fumet importe plus que la consistance des plats. Le Prince de la fourchette commence par une imposture : le lecteur se laisse piéger par un début que reprend malicieusement la quatrième de couverture. On nous annonce une longue quête à travers le monde à la recherche du seul livre qui manque au mage Theophilius pour que sa bibliothèque soit exhaustive. Le vieux magicien charge ses sept fils de trouver le grimoire, six périront lors de cette mission, le dernier, Lufio le réfractaire, préférant partir à la recherche des plaisirs de la vie.
De cette opposition entre l’amour des livres et celui de la vie, nous avions de quoi nous délecter, et les phrases d’Olivier Bleys, balancées comme des filles d’aubergistes dans les romans grivois nous promettaient de joyeuses ripailles. Surtout que l’auteur, défendant et illustrant une langue ancienne et belle, assaisonne ses plats de quelques vieux aromates. Ainsi montre-t-il combien les chaises peuvent être « saboulées » après « deux jours et deux nuits de godaille ». Le Littré nous aide à identifier ces épices dont l’authenticité donne aux plats l’apparence d’une cuisine de terroir. Mais hélas, l’intrigue est rapidement jetée aux orties comme une soupe aux choux, et les chapitres s’enchaînent les uns aux autres, redondants, inutiles et sans goût.
Dans sa quête d’une écriture pleine de saveurs, de couleurs et de contrastes, Olivier Bleys oublie d’apporter un soin égal au plat principal ; il nous sert un pot-au-feu riche en légumes et maigre en viande. Reste que l’on pourrait considérer Le Prince de la fourchette comme un ouvrage d’apprentissage et qu’à voir les belles dispositions de l’auteur il serait maladroit de ne pas réserver sa table pour le prochain banquet. Un auteur qui se soucie autant de la langue nous régalera toujours plus que les tenanciers des fast-food avec leurs produits prédigérés.

Le Prince de la fourchette
Olivier Bleys

Arléa
346 pages, 120 FF

Exercice de style Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°14 , novembre 1995.
LMDA PDF n°14
4,00