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Poches Coupables visites

janvier 2000 | Le Matricule des Anges n°29 | par Gilles Magniont

Suis-je le gardien de mon frère ?

John Wideman, élevé dans le ghetto noir de Pittsburgh, enseigne la littérature afro-américaine à l’université de Pennsylvanie. Il s’en est, comme on dit, sorti. Mais son petit frère Robby, qui rêvait de jouer les caïds, a été condamné à perpétuité après un braquage râté et un homicide accidentel.
Régulièrement, John vient rendre visite au cadet incarcéré. Et ce qui surnage d’abord de Suis-je le gardien de mon frère ? -traduction quelque peu emphatique de Brothers and Keepers-, c’est le compte-rendu de ces visites, narration vibrante de violence et de dégoût, âpres dénonciations de la discrimination raciale et de l’arbitraire carcéral. Mais l’écrivain ne cache pas que son œuvre est entachée d’inutilité, puisque sans effet sur la réalité de l’incarcération. Ainsi toute happy end demeure-t-elle interdite. Même le succès du livre ne pourrait, amère ironie, que conforter la séparation entre monde du dedans et monde du dehors.
Alors, pourquoi écrire ? Parce que les murs que John entend abattre ne sont pas tant ceux de la prison que ceux qu’il construisit pour que ses origines ne le rattrapent pas. La banlieue de son enfance fait alors songer à La Place d’Annie Ernaux : sur l’une comme sur l’autre est promené le regard coupable de la réussite sociale. Reste qu’à la différence du père de l’enseignante, le frère de Wideman est encore en vie ; il est alors possible, non seulement de parler de lui, mais encore de parler avec lui, de construire en sa compagnie ce livre tout entier tendu vers un rapprochement. Et c’est dans le brouhaha du parloir que peut enfin être rêvé l’impossible oubli de soi : « L’habitude la plus difficile à perdre, puisque c’était celle de toute une vie, serait celle de m’écouter moi-même l’écouter ».

Suis-je le gardien de mon frère ?
John Edgar Wideman

Traduit de l’américain
par Marianne Guénot
Folio
426 pages, 45 FF

Coupables visites Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°29 , janvier 2000.