Livre d’artiste ou livre singulier, Têtes-de-lune est le cinquième d’une maison d’édition « de littérature nerveuse, photographie de recherche ». En cela, l’association entre Dominique Poncet, écrivain, poète, directeur de la revue La Main de singe et Alain Moïse Arbib, le photographe, est exemplaire. Car Les Fables furtives, séries de poèmes verticaux de Dominique Poncet sont très nerveuses, rageuses, violentes même. La scatologie (très présente dans l’oeuvre de l’écrivain) et la sexualité se mêlent à une nature rimbaldienne où « Les fleurs (…) éblouissent ». Au coeur du livre, insérés entre deux suites de poèmes où bouillonne le sang, les contretypes d’Alain Moïse Arbib inversent l’énergie. Ce sont des portraits, d’hommes et de femmes, tirés en un temps de pose de plusieurs minutes. Du coup, les têtes font voir, dans un flou expressionniste, le visage de leur propre mort. L’effet est saisissant et invite à se pencher sur les autres ouvrages de la maison qui publie notamment Antonio Gamoneda, Christophe Tarkos et Jean-Luc Parant. À feuilleter sur le site de la maison : www.legrandos.com.
Têtes-de-lune Dominique Poncet
Alain Moïse Arbib - n.p., 50 €
Le Grand Os (BP 121 - 31014 Toulouse cedex 6)
Arts et lettres Sang d’encre
juin 2002 | Le Matricule des Anges n°39
| par
Thierry Guichard
Un livre
Sang d’encre
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°39
, juin 2002.