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Essais À la guerre comme à la guerre

juin 2004 | Le Matricule des Anges n°54 | par Gilles Magniont

Mêlant les « aboiements des chiens d’attaque » au « sifflement des F16 », l’éditeur Éric Hazan révèle la marche concertée des oppressions.

Chronique de la guerre civile

S’il fallait réduire ce livre à une figure maîtresse, ce serait l’asyndète soit l’effacement de toute liaison explicite entre les diverses parties d’un discours. « 21 novembre. La grande surface de jouets qui vient d’ouvrir boulevard Barbès, à côté du Virgin, a mis sur le trottoir une douzaine de pères Noël qui distribuent des tracts recommandant : « N’achetez que des jouets 100% droits de l’homme ». Titre d’un journal gratuit distribué dans le quartier : « Les habitants de Clignancourt déclarent la guerre à leurs clochards ». » Le lecteur n’est-il pas assez grand, faudrait-il lui redire autrement ce que cette juxtaposition manifeste clairement : que les pères Noël humanistes occupent la vitrine, mais que dans l’arrière-boutique on fourbit l’armurerie. Là où la presse française s’entend à dissocier ces deux espaces en jouant le jeu des rubriques et d’une fragmentation lénifiante, Chronique de la guerre civile, collages de faits et de propos advenus d’un été à l’autre (2002-2003), s’attache à rétablir combien « tout se tient, philosophie et tribunaux, cinéma et société, Grozny et Vaux-en-Velin, G8 et finale de la coupe de la France ». Tout se tient car c’est la guerre civile haine des pauvres et des étrangers, obsession de l’insécurité qui dessine le vrai visage du monde.
Ce visage apparaît ici à travers quelques observatoires privilégiés. Le premier d’entre eux est Israël, où l’art de la guerre atteint des sommets exemplaires. On y sait joindre tradition et modernité, l’avant-garde des armements (des obus à fléchettes aux barbelés hightech) et les précepts des prédécesseurs (l’État-major israélien étudiant la tactique de la Wehmacht) : très renseigné, l’auteur reproduit les extraits de rapport et d’interview qui disent assez le processus génocidaire en marche. Nous n’en sommes pas là sur nos terres ; n’empêche qu’Hazan, promeneur attentif, sait distinguer dans sa propre ville les prémices d’une épuration. Quelques éclats d’inhumanité dans Paris : un gentil maire qui remodèle les quartiers selon le délicieux concept d’ « espace civilisé » ; les descentes de CRS, véritables « troupes d’occupation », sur Barbès et ses alentours ; le nouveau mobilier du métro « des sièges où on ne peut pas s’asseoir, des bancs où il est impossible de cuver son vin en paix » qui semble avoir été être conçu pour déconseiller toute station aux miséreux.
On saura gré à Hazan d’avoir multiplié ces détails concrets et infiniment parlants. Comme on lui saura gré de ne s’être pas limité à la relation factuelle ce qui est déjà beaucoup de cette guerre, mais aussi d’avoir posé la question des résistances. « Il ne suffira pas de militer dans Attac ni de s’abonner au Monde diplomatique »… Plutôt que d’ânonner la bonne parole des belles âmes qui distribuent « d’en-haut des leçons de stratégie et de morale » aux peuples occupés, peut-être serait-il alors plus utile aux Occidentaux de s’interroger sur leurs propres modes de contestation : « Les 800 universitaires américains qui signent contre le » transfert « des Palestiniens pourraient bien être 8000 que cela ne changerait rien. Mais si 80 d’entre eux cessaient de donner leur cours et les remplaçaient par des séances de discussion ouvertes sur la guerre de Palestine, s’ils le faisaient de manière collective et manifeste, cela serait un geste politique ».
Aucun effet de manche ici : il est notoire que cet ancien médecin ne s’est pas réfugié derrière la légalité républicaine lorsqu’il s’agissait de défendre, en d’autres temps, le droit à l’avortement ou l’auto-détermination du peuple algérien.

Chronique de la guerre civile
Éric Hazan
La Fabrique
139 pages, 12

À la guerre comme à la guerre Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°54 , juin 2004.
LMDA PDF n°54
4,00