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Domaine étranger Mauvais oeil

mai 2006 | Le Matricule des Anges n°73 | par Delphine Descaves

Le Mandarin miraculeux

La narratrice, une jeune femme turque, erre dans Genève une fois la nuit tombée. Depuis le départ de Sergio, son amant, elle a perdu l’œil gauche. Désormais objet de peur et de répulsion, elle se réfugie dans la solitude et une ironie teintée de cynisme ; la voilà racontant l’intérêt que lui manifeste un jeune Français croisé dans un café : « Il devait se figurer que j’étais une femme écrivain du Tiers Monde qui avait perdu un œil en combattant pour la démocratie. » En réalité toute sa personnalité est habitée par la douleur, et semble prête à se briser à la moindre manifestation de tendresse.
Ce roman étrange peut se lire à différents niveaux ; on peut l’interpréter comme le récit, à l’humour glacial, d’une expérience de l’amoindrissement physique et de la marginalité qu’il entraîne. Une femme à la beauté altérée ne vaut plus grand-chose sur le marché de l’amour, et n’a plus rien à attendre, tel est le constat que fait la narratrice. Et la description du regard des autres – « un seul œil est pour eux une chose plus insupportable que la mort… mon œil perdu occupe la place de ce qu’ils ont perdu ou devront perdre. Ils en font un abîme » – dit crûment l’effroi devant toute anomalie physique. Mais le récit possède une dimension plus symbolique, presque psychanalytique : l’œil perdu figure la conscience, et peut-être aussi, dans sa suppuration, les non-dits et les névroses. Cependant, l’écriture de Asli Erdogan, presque sèche, tient à distance tout pathos, comme la narratrice lorsqu’elle s’adresse à son amant : « ne compte pas sur moi pour me complaire bassement à (…) distribuer gratis souffrances, cauchemars et tragédies. » Ce sont précisément cette souffrance non élucidée du personnage, son passé mystérieux, et sa solitude dans une Genève étrangère, qui donnent à ce court texte une beauté sombre, emplissant le lecteur de malaise et de compassion.
Delphine Descaves

Le Mandarin miraculeux d’Asli Erdogan - Traduit du turc par Jean Descat, Actes Sud, 111 p., 13,80

Mauvais oeil Par Delphine Descaves
Le Matricule des Anges n°73 , mai 2006.
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