James Sacré, la poésie au cœur
Il y a une permanence dans l’écriture de James Sacré. Après Trois anciens poèmes mis ensemble pour lui redire je t’aime (Cadex éditions, 55 p., 11 €), qui en mars dernier reprenait entre autres, son premier recueil, La Femme et le violoncelle, deux nouveaux titres paraissent où se perçoit cette même façon d’interroger un mot, la poésie, le monde. Le poète, dans ces deux livres, écrit souvent en prose : il s’empare d’un mot, comme « âne » et le fait jouer dans l’espace du poème, jusqu’à étourdir son lecteur. Dans « Un âne entre un appareil photo et l’océan, à Costa da Morte » qui inaugure Âneries pour mal braire, il part d’une série de photos qu’un ami lui a envoyée, représentant un âne en Galice, au bord de l’océan. Le poète tente de se souvenir de ces photos, d’en saisir le vivant de l’âne, d’en reconstituer quoi sinon le mystère du monde ? « Peaux d’ânes de mes poèmes qui ne cachent que la banalité du vivre » écrit-il en une fausse excuse. L’âne se trouve près d’une côte dont il se souvient qu’elle fut le décor d’un naufrage. À partir de là, tournant autour de la notion de représentation (par la photo, puis par le poème), du vivant, redonnant à entendre le nom du lieu « Costa da Morte », le poème en prose, puis en vers, fait résonner les rimes thématiques de la vie, du regard, de la mort. Il en était déjà ainsi de son premier livre La Femme et le violoncelle (avec la musique, le sexe, l’amour), il en est encore de même avec Broussaille de prose et de vers (où se trouve pris le mot paysage). Ici, le poète s’interroge, dans une sorte d’action writing sur la nature de la poésie et celle de la prose. Pour appuyer sa réflexion, qui n’est souvent qu’interrogative, il évoque les paysages qu’il traverse en Espagne, en France, au Maroc. Un paysage est-il de la prose ou du vers ? « Ça reposerait cette toujours même question, qui revient comme ça de temps en temps/ Pourquoi d’un coup, le monde ou quelques mots/ Donnent-ils cette impression de vivre/ Plus intensément ? À cause de quoi/ Dans leur agencement ? » C’est toute l
Âneries pour mal braire, Tarabuste éditeur, 103 p., 13 €, et Broussaille de prose et de vers (oÙ se trouve pris le mot paysage), Obsidiane, 77 p., 13 €