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Dossier Louis Guilloux
La dérision humaine

juillet 2014 | Le Matricule des Anges n°155 | par Thierry Cecille

Le bandeau du Sang noir, en 1935, tenait lieu d’avertissement : « La vérité de cette vie, ce n’est pas qu’on meurt, c’est qu’on meurt volé. »

Lettre de Romain Rolland à Guilloux : « Votre livre est extraordinaire. Il me faut remonter aux romans russes de ma jeunesse pour retrouver un roman qui m’ait fait une impression aussi inattendue et aussi forte. » Gide à Guilloux : « Ce qui me plaît dans Le Sang noir, c’est qu’il offre de quoi perdre pied. » Camus à Guilloux : « Je ne connais personne aujourd’hui qui sache faire vivre ses personnages comme tu le fais. » Quelles peuvent être les raisons de ces éloges unanimes ? L’ambition de Guilloux pourrait pourtant paraître modeste : raconter vingt-quatre heures de la vie d’un drôle de bonhomme, modèle pour quelques-uns, monstre pour beaucoup, le surnommé Cripure. Professeur de philosophie dans le lycée d’une ville portuaire qui ressemble fort à Saint-Brieuc, il a été baptisé ainsi par ses élèves, raillant sa passion pour la Critique de la raison pure de Kant. Autour de lui s’agitent et s’affrontent proviseur et professeurs, surveillants et élèves, et, au-delà du lycée, d’autres fantoches, plus ou moins respectables – et même une logeuse de petite noblesse entichée de son pensionnaire, un Russe nietzschéen, lui-même amoureux d’une jeune fille qui désire se faire enlever…
Nous sommes en 1917 : le maire arpente la ville pour distribuer dans les familles ses avis de décès, on va décorer aujourd’hui la femme du député pour les services qu’elle a rendus aux blessés, les fils bons pour le service s’apprêtent à prendre le chemin des tranchées – mais une mutinerie de soldats éclate à la gare. Le pauvre Cripure, lui, se débat entre un présent humiliant et un passé douloureux et, à l’issue de cette journée mouvementée, choisit, après avoir échappé à un duel ridicule, de quitter ce monde où il n’avait pas sa place. Suicide à Cloportgorod pourrait donc être le titre de cette tragédie mêlée de grotesque, le sang noir, explique Guilloux, étant celui de ces hommes « embrouillés et désorientés », « cloportes » enfermés dans cette ville-mouroir, forteresse d’ennui et de démission. Chacun ici se torture, les conformistes comme les excentriques, pour faire en sorte que tout, de leur existence, ne leur soit pas volé. L’un d’entre eux l’exprime ainsi – avec un reste d’espoir : « La question n’est pas de savoir quel est le sens de cette vie, la seule question est de savoir qu’est-ce que nous pouvons en faire ».
Cripure (cri pur de l’intelligence – vaine ?) est une figure extraordinaire : Guilloux a reconnu que Palante avait bien sûr inspiré ce personnage mais qu’il y avait aussi mêlé beaucoup de lui-même. C’est bien une sorte de « Titan dérisoire », comme le dit Philippe Roger, hugolien et dostoïevskien à la fois, entre Gwynplaine et le Stépane Trophimovitch des Possédés. À ses côtés nous découvrons d’autres types inoubliables : Nabucet, patriote dégoulinant et lettré flagorneur, symbole de la bêtise toujours triomphante, l’innocent Moka, idiot souriant et vertueux toujours aux basques de son maître Cripure, ou le cynique Kaminsky face à Lucien...

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