RUBRIQUE Entretiens
Les articles
Le vilain rêve
De l’utilité de lire Le Grand Sommeil dans la retraduction de Benoît Tadié, qui rend au premier roman de Chandler sa singularité triste et toujours frémissante.
Évidemment, on se souvient de l’adaptation d’Howard Hawks : clair-obscur au cordeau, récit au galop, érotisme incisif des dialogues Bogart/Bacall. Sauf que leur couple ne s’est jamais formé chez Raymond Chandler (où le détective Philip Marlowe repoussait toute manipulation des dames) ; que l’histoire y était beaucoup plus composite (Chandler ayant fondu l’intrigue de deux nouvelles antérieures, et se fichant assez d’une vraisemblance que le style seul se chargeait d’assurer) ; que la couleur d’ensemble du roman tirait, plutôt que vers le noir et blanc classieux consacré par la tradition,...
Un auteur
Dans l’espace vide du théâtre
Attelé à la tâche d’écriture depuis près de vingt ans, entre récits et romans, François Bon s’aventure depuis peu dans le théâtre et y creuse doucement sa trace.
L’acteur doit quitter le théâtre avant d’entrer en scène« . Au terme de notre conversation, François Bon pioche de mémoire dans la prose de son ami Valère Novarina pour résumer cette sorte d’indécision où il se tient par rapport à la scène. Le théâtre, pas la théâtralité. Le théâtre comme mise en corps, mise en voix de la parole dans le présent immédiat et l’espace nu de la scène....
Un auteur
Balkanisés de l’intérieur
En dialoguant avec les morts, le poète Tristan Cabral dresse une géopoétique de l’oppression, tout en révélant une nouvelle identité. Entre révolte et confession….
Il est des êtres qui brûlent d’un feu intérieur et se transforment en torche humaine lorsqu’ils rencontrent injustice, oppression. Tristan Cabral, l’un d’entre eux, révolté à vie, intransigeant, n’en finit pas de déblayer les ruines des massacres passés et à venir. « À Vienne,/ dans une salle interdite au Musée du Prater/ il y a des murs entiers couverts par des yeux d’hommes,/ c’est là que...
Un auteur
Vision d’un home qui s’éloigne
Jean-Luc Parant, artiste et poète, écrit toujours sur les yeux, sculpte des boules, tourne en rond et nous avec. Portrait de l’auteur en derviche tourneur, dans le tourbillon d’une parole envoûtante.Pour prendre de la hauteur.
Il arrive que Jean-Luc Parant quitte le Bout des Bordes, « le plus petit royaume de la terre », à Fabas, dans l’Ariège, où il vit. Il arrive qu’accompagné de sa fille Marie-Sol au piano, Jean-Luc Parant donne lecture de ses textes sur les yeux, sur la terre qui tourne sans cesse autour du même soleil, sur l’infini qui est dans la tête de l’homme où s’inventent des jours et des nuits, où...
Un auteur
Le bleu fauve de Zeno Bianu
Dans l’héritage des membres du Grand Jeu, Zeno Bianu, de la poésie au théâtre, met en scène l’humain entre éclats et transcendance, souffrance et apaisement.
Il est des parcours exemplaires, non par une certaine « moralité » mais par leur cohérence. Celui de l’écrivain Zeno Bianu, né en 1950, semble bien en faire partie. Semble car celui-ci serait sûrement le premier à confier qu’il n’est jamais possible d’affirmer de telles choses. En trente ans d’écriture, Zeno Bianu s’est révélé un poète important avec une œuvre distillée, qui comprend les...