RUBRIQUE Entretiens
Les articles
Accroché à la falaise du Je
Avec Reus, 2066, dernier volet d’une trilogie, l’oulipien Pablo Martín Sánchez délivre un carnet intime dystopique plein d’humour et de gravité.
L’écriture, la littérature peut-elle nous définir ? Et comment ? En élidant une lettre, fût-elle la plus usitée de la langue française comme dans La Disparition de Georges Perec ? Ou plus simplement (quoique ?) contenir son auteur comme chez Pablo Martín Sánchez ? Après s’être inquiété dans L’Instant décisif (La Contre Allée, 2017) des événements qui ont marqué le jour de sa naissance, être parti à l’assaut de son identité avec L’Anarchiste qui s’appelait comme moi (Zulma & La Contre Allée, 2021), le voici se projetant dans le futur de son lieu de naissance, Reus, ville au sud de la...
Un auteur
Le siècle en trois mots : métro, boulot, dodo
Poète et prosateur depuis 1929, Pierre Béarn fêtera bientôt ses 97 ans. Si la parution du premier volume de sa Poésie complète n’obtient guère d’écho, il conserve assez de fougue pour agonir les poètes à la mode et les « masturbés du cerveau ».
En plein Quartier latin, entre la Sorbonne et le jardin du Luxembourg, un écrivain veille sur ses livres et ses manuscrits en cours. Il se nomme Louis-Gabriel Besnard, alias Pierre Béarn, né le 15 juin 1902 à Bucarest, et il a connu un parcours tellement hors du commun qu’il paraît dérisoire d’en tenter une synthèse.
Pierre Béarn le voyageur a traversé le siècle de part en part et se prépare...
Un auteur
De la lumière pour les navets
Pendant quatre ans, Jacques Jouet s’est donné pour contrainte d’écrire un poème par jour sur le navet. Ce journal de l’oulipien en jeune (puis moins jeune) légume se lit comme l’étrange inventaire d’un quotidien inattendu.
En tout, donc, 938 pages qu’on attaque avec circonspection, mais non sans curiosité. Avec une sympathie certaine pour l’ampleur loufoque du projet. Et une admiration pour le poète qui pendant quatre ans ne s’est pour ainsi dire plus séparé de son navet.
Reprenons. Depuis le 1er avril 1992, Jacques Jouet écrit chaque jour un poème. Navet, linge, œil-de-vieux représente les quatre premières...
Un auteur
La défiguration à l’oeuvre
Avec OGR, Onuma Nemon nous fait entrer dans une cosmogonie littéraire, créée sur une trentaine d’années. Une langue en action, brute et dense, qui résonne comme un long cri. Fiction ou autobiographie déformée, c’est un grand cirque à ciel ouvert où jaillit l’écriture de tous les possibles.
Vous ne le verrez pas. Pas de photo de l’auteur. Onuma Nemon n’est qu’un nom anonyme, le choix compréhensible de disparaître dans l’œuvre en cours, de n’être plus qu’un livre immense aux multiples métamorphoses. Il aura fallu une trentaine d’années pour que ce choix opère. Et une rencontre pour qu’il soit sauvé de l’oubli : celle de cet auteur d’une cinquantaine d’années avec les éditions...
Un auteur
Un sybarite en Egypte
Spécialiste des livres anciens et gastronome, Gérard Oberlé plonge dans la littérature populaire avec un roman patiné d’humeur sombre et d’ambiguïté.
Gérard Oberlé est un gaillard de belle allure au crâne rasé. Cette particularité capillaire entraîne une confusion : on le prend parfois pour Daniel Boulanger. L’erreur est de bon augure pour son avenir littéraire mais le présage n’était guère nécessaire car au pays des livres Gérard Oberlé n’est pas un inconnu. Depuis qu’il a entamé sa carrière dans la librairie ancienne en 1967 à Paris, il...