- Papier critique Les bourgeois à l’oflag
- Bibliographie Les compagnons de route
- Présentation Les leçons de Georges Hyvernaud
- Autre papier Ecrire
- Autre papier Musical Hyvernaud
- Bibliographie Bibliographie
- Autre papier Anonyme présence
- Autre papier Feuilles volantes (extraits)
- Entretien Précis de recomposition
- Autre papier Notes inédites de Georges Hyvernaud
Esprit curieux, ouvert sur le monde, Georges Hyvernaud était convaincu que la rencontre avec les livres est riche de possibilités, de révélations, de prolongements. Certes, mais peut-être pas au point d’imaginer qu’un jour la scène rock s’intéresserait à son travail. Le guitariste du groupe Noir Désir, Serge Teyssot-Gay, a décidé en effet d’enregistrer un disque autour de La Peau et les os. L’album, qui comprend douze morceaux, et intitulé pour l’instant « Hiver », sortira l’automne prochain. « Le lecture d’Hyvernaud fut pour moi un choc, explique le musicien. Tellement de livres sont politiquement corrects. Lui, c’est une pensée en mouvement, profondément actuelle. Sa réflexion sur la liberté, l’ordre moral, l’autorité échappe au compromis ambiant. En outre, son écriture est extrêmement rythmique. Ce n’est pas un hasard s’il pensait ses textes en marchant avant de les écrire. » Hyvernaud a entretenu des rapports très étroits avec la musique. Elle l’aidait à écrire. Mélomane averti, ses goûts sont variés : du classique (Bartok, Stravinsky, beaucoup Bach) au contemporain (Xenakis, Boulez, les modernes autrichiens) sans oublier le jazz (il découvrit les negros-spirituals et le jazz de La Nouvelle-Orléans lors d’un voyage à Londres en 1930). L’écrivain pensait que la littérature et la musique devaient se mêler. « Il y voyait un moyen d’éclairer les textes du passé autant que les civilisations étrangères », rappelle son épouse dans la revue Plein Chant.
S’appuyant sur des passages entiers de La Peau et les os, Serge Teyssot-Gay a composé des tableaux musicaux très différents : à la fois minimalistes (piano) ou furieusement électriques ou encore très orchestrés (percussions, claviers, guitare). Le texte d’Hyvernaud est soit dit, soit chanté, soit scandé. « J’ai pris le parti de ne pas faire un thème musical. Le texte est puissant, il fallait une musique très riche. En fait, je me suis isolé dans une baraque au fond des bois avec une guitare et une boîte à rythme. Et j’ai essayé de tirer quelque chose. Plutôt cracher quelque chose… »
Les premières maquettes semblent probantes. S’y déploie un univers rugueux, organique, où perce le cri de l’indignation mais bat aussi le pouls d’un cœur en lutte. Si aucun concert ne sera programmé ( « c’est tout, sauf du spectacle »), Teyssot-Gay a quelques idées de « promotion » : des lectures dans des écoles, voire des « trucs à faire » du côté des lycées professionnels. La parole citoyenne d’Hyvernaud est contagieuse.