Georges Perros, un homme en partage
- Présentation La vie la plus proche
- Bibliographie Bibliographie
- Entretien Derrière les lignes
- Autre papier En toute amitié, 1
- Autre papier En toute amitié, 2
- Autre papier En toute amitié, 3
- Autre papier En toute amitié, 4
- Autre papier En toute amitié, 5
- Autre papier En toute amitié, 6
- Autre papier En toute amitié, 7
- Autre papier En toute amitié, 8
En vérité, je ne sais pas si Perros était un moraliste modeste. Je suppose qu’il n’aurait pas aimé qu’on tente de lui coller une étiquette sur le dos, même pour faire un dossier au Matricule. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il croyait à la fraternité. Qu’il la pratiquait vraiment.
« Il y a pire que la modestie, c’est la peur de l’orgueil », écrivait-il dans Papiers collés.
Françoise M, de Tréboul, m’avait emmené sur sa tombe, dans le cimetière qui surplombe la baie. J’y suis retourné depuis, mais je n’ai pas retrouvé la sépulture. Pourtant, c’est un beau cimetière. Il y a même le premier lauréat du prix Goncourt qui repose là, un écriteau l’indique. Mais pas de pancarte, aucune plaque, aucune place, aucune rue, à la mémoire de Perros. Mais il existe un monument à la mémoire de Max Jacob qui pourtant n’est pas enterré ici, mais à Saint-Benoît-sur-Loire.
Au marché de la poésie, Yves Landrein, l’éditeur de La Part commune qui connaissait bien Perros, m’a fait découvrir le livre de Thierry Gillybœuf sur Perros. Quoi écrire après cet essai superbe de sensibilité ? Tout est là, le reste est dans l’œuvre de Perros, il suffit de la lire, elle se laisse facilement prendre par la main, comme une jolie fille en juillet.
Cobalt ! avait-il vu tracé en lettres bleues sur un mur en passant sur sa moto, juste avant que le Crabe ne commence à lui ronger la gorge, entre-temps, il avait vécu une vie ordinaire d’un écrivain extra-ordinaire.
Longtemps, j’ai cru que Lorand Gaspar, cet impeccable poète silencieux, l’avait assisté lors de son opération chirurgicale. Perros, ensuite, se servira d’une ardoise magique pour écrire et communiquer, comme faisaient les enfants, avant l’ordinateur et Fesse book. Lui, cet enfant majeur qu’il avait su rester, qu’il avait su devenir.
J’avais ses livres dans ma gibecière, à commencer par Gardavu et je parcourais les chemins Dupré, par les sentiers escarpés, pour aller voir les libraires du premier niveau, placer ma provende. Mazamet, Alès, Lunel, Strasbourg, Paris surface, grande et petite ceinture, Les Lilas, jusqu’à Marseille où à l’hôpital silence, Perros avait commencé se rééducation en jouant du piano, pour les patients qui l’écoutaient dans la salle des voix perdues.
Non ! m’a-t-on dit : Gaspar n’était pas présent lors de son opération de la gorge. Peut-être était-il venu le voir à Marseille ensuite. Il est possible que j’ai inventé ça, comme dans la vie, réalité et fictions s’entrecroisent : l’envers et l’endroit d’une même feuille blanche sur laquelle je trace mes désirs, jamais assouvis.
« J’écris tout cela pour ne pas à très proprement parler me suicider ou devenir une loque. L’écriture a cette vertu de nous faire exister lorsque nous n’existons plus pour personne. De là sa magie, sa divine hérédité » Papiers collés.
Modeste, je ne sais, mais lucide en plein le Georges !
Il y avait eu une soirée à la maison de la poésie (la poésie en maison, comme la...