éditions POL
A propos
P.O.L. : la petite fabrique de littérature
En onze ans, P.O.L. est devenu un laboratoire incontournable pour le renouvellement des Lettres. Sans pour autant revendiquer un quelconque label. Chez P.O.L., la curiosité et le risque semblent être des investissements productifs.
Ma vision de l’édition s’est ouverte et en même temps précisée. Je sais maintenant que la frontière ne se situe pas entre les livres difficiles et ceux qui s’adressent au plus grand nombre, mais entre les bons et les mauvais livres. » Ces propos de Paul Otchakovsky-Laurens, publiés en novembre 1982 par Livres hebdo, le directeur des éditions P.O.L. est prêt à les signer aujourd’hui encore. Car ils ne forment pas une boutade : pour preuve, la concomitance sous la couverture blanche d’auteurs comme René Belletto, Danielle Sallenave, Hubert Lucot ou Olivier Cadiot. Pour preuve encore, le...
Une écoute attentive
En 11 ans, P.O.L. a publié une vingtaine d’ouvrages dont les manuscrits sont arrivés par La Poste. Aujourd’hui ce sont près de deux mille envois par an qui arrivent 8, Villa d’Alésia dans le 14e. Chaque manuscrit est, dès réception, répertorié sur le réseau informatique de la maison. Grâce à un logiciel efficace, le nom et l’adresse de l’envoyeur, le genre de l’ouvrage (de roman à projet...
Ouvrages chroniqués
Dans ces bras-là
de
Camille Laurens
2000
Lmda N°32
Le désir est le maître mot de l’œuvre de Camille Laurens. Mais si la narratrice de son nouveau roman évoque son désir des hommes, c’est l’inassouvie nécessité de rencontrer l’autre, l’inconnu, qui habite ces pages.
C’est du bonheur quand la langue ouvre dans l’espace qu’elle explore des fenêtres inattendues. Après une tétralogie (Index, Romance, Les Travaux d’Hercule et L’Avenir) qui interrogeait l’identité et un récit autobiographique sur la mort de son fils (Philippe), Camille Laurens nous avait donné l’an dernier, Quelques-uns où elle reprenait la phrase de Beckett, « les mots ont été mes seules...
Voici les hommes
septembre 2000
Dans la reproduction en 2 parties égales des plantes et des animaux
de
Suzanne Doppelt
,
Anne Portugal
Lmda N°29
Anne Portugal et Suzanne Doppelt rythment à quatre mains la vie des plantes et des animaux. Autant de filtres d’images et de mots….
Dans la reproduction en 2 parties égales des plantes et des animaux, le nouveau livre de la poétesse Anne Portugal, est écrit à quatre mains : et cela, parce que Suzanne Doppelt, qui avait déjà signé les photographies de Kub or (de Pierre Alferi), écrit en partie ce livre avec des clichés photographiques. Écrit, parce que ses images ne sont pas de simples accompagnements de texte, comme on...
Volées d’instantanés
janvier 2000
De Marivaux et du loft
de
Catherine Henri
2003
Lmda N°44
Comme le titre et le sous-titre ne l’indiquent pas (De Marivaux et du Loft : petites leçons de littérature au lycée), il ne s’agit pas d’un essai paradoxal ou d’une prise de position concernant les réformes et les programmes de l’Éducation nationale. Catherine Henri se borne à relater quelques cours, en un « documentaire très subjectif, dont le montage n’altèrerait pas trop l’impression de...
Dormir peut-être
mai 2003
Début
de
Nathalie Quintane
Lmda N°26
Certains livres projettent sur nos plus familiers paysages une lueur salutaire. Après Remarques (Cheyne éditeur) et Chaussures (P.O.L), qui inauguraient une écriture du quotidien le plus infime, Nathalie Quintane entreprend dans Début de se tenir au plus près du regard de l’enfant qu’elle a été.
D’un corps morcelé dans une appréhension de soi qu’aucune figuration n’aura encore constitué,...
Cervelle et beurre de yack
mai 1999
Définitif bob
de
Anne Portugal
Lmda N°40
Avec Définitif bob, Anne Portugal nous fait nous glisser dans de fugitifs interstices de la pensée, comme au départ des rêves. Un livre de poésie énigmatique.
Voir défiler des images, des pensées aussitôt évanouies. Effleurer quelques zones inconnues de la conscience. Apercevoir un clignotement de sens à la surface incertaine d’un évanouissement. Lire des mots, des mots assemblés pour se disjoindre en scintillements. Dans Définitif bob, Anne Portugal propose des effets d’accélérations pures dans la matière verbale.
Les données sont tournantes au...
Durable définitif
septembre 2002
Délaissé
de
Frédéric Léal
2010
Lmda N°119
Roman sombre et cocasse, Délaissé de Fred Léal plonge tête baissée dans le quotidien périlleux d’un médecin à l’humeur vagabonde et mélancolique.
Né en 1968 d’un père poissonnier et d’une mère vendeuse, Arnaud Blanco éprouve la plus grande difficulté à consacrer ne serait-ce que quelques heures à sa fille. Entre son cabinet médical, les consultations externes et les permanences de nuit, à peine trouve-t-il le temps de répondre au téléphone, d’ouvrir son courier. Refaire sa vie sentimentale, moins encore. Écrivain inassignable et...
Vies sur ordonnance
janvier 2011
Demain je meurs
de
Christian Prigent
2007
Lmda N°83
Dans une ivresse d’écriture qui met K.O., Christian Prigent dresse le portrait d’un homme du siècle : son père. Et dévide une boule d’angoisse pour tisser un hommage émouvant à un homme mourant. C’est beau, drôle et revigorant.
Après Une phrase pour ma mère et Grand-mère Quéquette, Christian Prigent poursuit sa galerie de portraits de famille et dans sa famille appelle le père. Si, dans le premier opus cité, l’on glissait en saut du lit dans les matières rebondies de la mère, si l’on se dandinait objectif lunettes de WC au début de l’ode à la grand-mère, c’est en danseuse qu’on s’engage sur l’hommage au père. En...
Une pelote pour papa
mai 2007
Des bienfaits du jardinage
de
Patrice Robin
2016
Lmda N°171
Très digne, et touchant, le récit que Patrice Robin nous donne d’une expérience vécue par lui dans le cadre d’une résidence d’écriture assez atypique. Et pour cause : en 2014, un établissement psychiatrique lillois lui propose d’aller à la rencontre de patients que des activités horticoles régulières aident quelque peu à reprendre pied dans la vie. Bref, une thérapeutique de la main verte. Il...
Bouquet de roses
mars 2016
Les Deux domaines de la solitude
de
Pierre Patrolin
2021
Lmda N°223
En 2018, Pierre Patrolin publiait J’ai décidé d’arrêter d’écrire. Trois ans plus tard, nous retrouvons le romancier avec son univers déroutant et ses intrigues ordinaires, où tout devient possible.
Pierre Patrolin a 57 ans lorsqu’il commet un premier roman de plus de 750 pages dans lequel un homme effectue La Traversée de la France à la nage (P.O.L, 2012). Dix ans plus tard, les obsessions sont intactes, les exigences bien chevillées au corps. Les Deux Domaines de la solitude est l’itinérance d’un homme et d’une femme entre le Vaucluse et la Gironde. Ayant abandonné leur voiture de...
Voyager, boire et faire l’amour
mai 2021
Devant l’abondance
de
Chet Wiener
2003
Lmda N°46
Chet Wiener démontre ce que peut être la poésie : relance des représentations, perturbations des interprétations, prodigalité miroitante.
Est-ce à cause de son prénom, on entend à la lecture de Chet Wiener quelque chose à l’oreille comme le souffle murmuré d’une trompette, dans des départs soudains, des relances de rythmes, des glissements en sourdine. Mais si l’on parle de jazz, et on a très envie d’en parler, peinant d’abord à définir ce qu’on éprouve à la lecture de Devant l’abondance, c’est la manière d’un Ornette Coleman...
Roulez jeunesse !
septembre 2003
Discorde
de
Jacques Dupin
2017
Lmda N°183
Discorde, premier et dernier livre posthume de Jacques Dupin, rassemble ses quinze dernières années de poésie. Sa rage est intacte.
Commençons par la citation qui ouvre son autoportrait (Amuse-gueule, 2003) : « Si on écrit après, après c’est tout sauf ça ». Les mots sont d’Henri Michaux. Ils dessinent le leitmotiv profond qui conduisit Dupin à toujours s’interdire d’écrire dans l’« après ». Mais après quoi ? C’est justement l’unique et seule question qu’il donna à l’horizon d’un barrage que sa vie s’employa à démanteler...
Dernier démantèlement
mai 2017
Disparitions
de
Bertrand Schefer
2020
Lmda N°211
Revisitant à la première personne une série de livres, films ou photographies, Bertrand Schefer mène une réflexion féconde sur le hors-champ de la représentation.
Peut-être ne saura-t-on jamais complètement à quel trafic on se livre avec les images, à quel trafic nécessairement obscur », écrit Bertrand Schefer dans un des textes qui composent Disparitions. C’est en effet à ce « lent et ténébreux travail » qu’elles accomplissent en nous, autant qu’à celui qui est nécessaire pour comprendre les liens étroits que nous tissons avec elles au long d’une vie,...
Montrer l’absence
mars 2020
Doggerland
de
Elisabeth Filhol
2019
Lmda N°199
On l’avait laissée en armorique, aux côtés d’employés séquestrant leur patron – c’était Bois II. On la retrouve quelque part entre le Danemark et l’Angleterre, en pleine tempête et dans le pétrole. Avec Doggerland, Élisabeth Filhol se dépayse.
L’un des principaux personnages du nouveau roman d’Élisabeth Filhol s’appelle Xaver. Xaver a fait irruption en 2013 sous les cieux d’Europe du Nord. « Xaver est une sorte de prodige avant d’être la catastrophe annoncée, une merveille météorologique qui surprend le personnel d’astreinte et ceux réquisitionnés en renfort, impressionnés et séduits, moins angoissés que captivés lorsqu’ils...
Hauts-fonds
janvier 2019
Dos, pensée (poème), revenant
de
Jacques Jouet
2019
Lmda N°209
Époustouflant troisième livre en forme de journal, les poèmes du jour de Jacques Jouet sont des balises démocratiques, où chacun entre pour y dessiner sa propre alcôve, de légèreté en gravité.
Dos, pensée (poème), revenant fait suite à Navet, linge, œil-de-vieux (1998) ainsi qu’à Du jour (2013). Le dénominateur commun de ces trois opus, rassemblant exactement 2290 pages, est celui de l’ordre du jour. Chaque poème est ainsi écrit au jour le jour, Navet… du 11 juillet 1993 au 31 mars 1996, Du jour rassemble sous sept façons d’écrire chaque jour le journal des journées du 1er juillet...
Poème pensé revenant de dos
janvier 2020
Du jour
de
Jacques Jouet
2013
Lmda N°151
Il faut saluer l’entreprise poétique de Jacques Jouet et la parution de son nouveau livre, sobrement titré Du jour. Suite de Navet, linge, œil-de-vieux, paru il y a plus d’une décennie en trois volumes, ce nouvel opus suit scrupuleusement la règle d’écrire un poème du jour, écrit le jour même, ce qui ne signifie pas tous les jours. Si le livre, par son volume, contredit ce dernier constat, il...
Du jour de Jacques Jouet
mars 2014