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Dossier La littérature nous sauvera
La Place d’Annie Ernaux par Martine Laval

février 2019 | Le Matricule des Anges n°200

La littérature nous sauvera

Un ami me tend un livre, avec ces mots « tu verras ». Et j’ai vu. J’ai vu mon enfance défiler, ma jeunesse piégée me revenir en pleine gueule, moi qui les avais fuies, les avais colmatées, croyant les oublier et avec elles les paysages à la fois désolés et magiques de la Côte d’Opale. Un livre me parlait en direct. Il me parlait à moi perso. Comment était-ce possible ? Pis, il parlait de moi, de mon milieu social, de mon désœuvrement, de mes petites espérances que je ne pouvais nommer. Je n’étais plus seule. J’étais de quelque part. J’appartenais à un monde. La langue de ce livre était la mienne. Ma langue avait droit de cité dans un livre, elle pouvait donc devenir littérature. C’était une sorte de réconciliation, pas seulement avec moi-même, mais avec un passé, un monde, le mien. Je n’avais plus honte, ou presque.
Je relis aujourd’hui La Place d’Annie Ernaux. Je ne peux m’empêcher de m’arrêter sur des phrases, des mots. Elle dit : « J’écris peut-être parce qu’on n’avait plus rien à se dire.  » Elle parle de son père, « d’une distance de classe, mais particulière, qui n’a pas de nom. Comme de l’amour séparé ». Moi, je me suis mise non pas à écrire mais à lire parce que je n’avais plus rien à dire à mes parents. J’ai osé la trahison, acquis une autre langue, parfois ça grinçait dur. J’ai largué la mélancolie, le paysage de ma jeunesse, la cité, le bord de mer, je me croyais en paix. Mais j’avais besoin d’une famille. Je l’ai constituée d’écrivains, surtout étrangers. Je me suis réfugiée dans la littérature étrangère, elle seule m’apparaissait infinie, si vaste que je pouvais m’y sentir libre, m’y inventer, être autre. Je voulais le monde mais j’ignorais encore le mien puisqu’il n’avait pas de mots.
Annie Ernaux tient le passé à distance et le révèle rien qu’avec des pauvres mots, des bouts de phrases, des litanies, les mêmes qui ont bridé ma vie d’avant :
« On était heureux quand même. Il fallait bien. »
« Il cherchait à tenir sa place. »
« Il fallait bien vivre malgré tout. »
« On avait tout ce qu’il faut. »
« Que voulez-vous. »
« La peur d’être déplacé, d’avoir honte. »
« Qu’est-ce qu’on va penser de nous ? »
« Sois heureuse avec ce que tu as ».
« Travailler, c’était seulement de ses mains. »
Le reste, lire, écrire, apprendre, partir, c’est du pipeau. Chez moi, on disait : reste à ta place, ils (les autres, les soi-disant riches, ceux qui partent, font des études, ont de l’ambition, ou rêvent tout bêtement) abuseront de toi. C’était le mot, abuser. C’était une menace. J’ai appris en rechignant la sténo-dactylo. Sans imaginer, comble de l’ironie, que cela me serait bien utile plus tard.
Aveu : je m’emberlificote. J’associe ma fuite du Nord à la lecture de La Place, mon âge, 20 ans pile, à la déflagration de cette écriture, mon changement de cap à une identification à un récit. Vérification faite, c’est faux, j’embrouille les dates, mais qu’importe. Cette...

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