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Dossier La littérature nous sauvera
Que font les rennes après Noël ? d’Olivia Rosenthal par Valérie Nigdélian

février 2019 | Le Matricule des Anges n°200

La littérature nous sauvera

Je ne me souviens plus comment ce livre-là m’est arrivé entre les mains. C’était une sorte de conte, habité par des loups, des panthères et des rennes. Mais un conte sans merveilleux, au ras du sol. Parfois proche du cauchemar, et quasi fantastique dans sa capacité à désincarner le vivant. Au milieu de rats de laboratoire et d’éléphants en cage, de poussins congelés et de vaches vouées à l’abattoir, une fillette étrange. Silencieuse. Flottante. Têtue. Ni « elle », ni « je », mais un « vous » à moi adressé. Identification immédiate à ce nœud buté, petite chose domestique mais non domestiquée, résistante et bientôt ensauvagée, coincée dans une « prison (qui) n’a pas de nom, pas d’épaisseur, pas d’étendue, pas de volume, pas d’odeur, pas d’entrée et pas de sortie ». Identification d’autant plus irréfutable que le miroir était sec, sans trémolo ni pathos : tenus à distance par un regard froidement maîtrisé, des phrases courtes, au présent, des faits bruts, des observations cliniques. Quelque chose de mécanique dans la façon d’observer l’intime. Ce « vous » mutique, détaché de lui-même et du monde, comme anesthésié, battait comme une parenthèse intermittente, comme un pouls imperceptible qui peu à peu s’emballait, jusqu’à cogner. Et autour de ce fil qui deviendrait fleuve, d’autres voix racontaient : dresseurs de fauves, éleveurs, bouchers, soigneurs disaient leur expérience de l’animal, leur rapport aux bêtes. Disaient la contention, la maîtrise, l’objectivation du sauvage, la place normée que la société des hommes lui accorde. Soit une négation pure et simple. Apprivoisé, utilisé, consommé : l’animal était menace, spectacle, outil. Dans une précision toute documentaire s’énonçaient alors les stratégies de domestication, les mécanismes d’imprégnation et de conditionnement, les protocoles de sécurité pour ne pas être dévoré. La forme hybride mêlait la ligne et le fragment, passait d’une voix à l’autre, racontait les aménagements des cages, les ersatz de vie sauvage que l’on s’échinait, bonne âme, à reconstituer dans les zoos, l’étincelle qu’éteignait inéluctablement le confort de la captivité. Juxtaposait avec une régularité métronomique et d’autant plus glaçante les territoires multiples de la domination, ajoutant peu à peu aux soins bienveillants le sang, le couteau, la viande. Violence symbolique, ou violence tout court, s’énonçaient dans une langue obstinément rationnelle, d’une technicité aride bientôt étouffante, d’une discrète ironie : « Le conditionnement consiste à apprendre à un animal donné à faire ce qu’on lui demande sans avoir besoin de le torturer et comme s’il agissait de son plein gré. » « La décapitation par exemple consiste à séparer le corps de la tête », une « procédure (…) esthétiquement déplaisante ». Jusqu’à ce que le vide entre les lignes devienne proprement agissant. Bouleversant. Jusqu’à ce que le fleuve déborde, et que la fillette, le loup, le porc ne fassent plus qu’un. Chacun dans sa propre cage. Aimés ? Nourris,...

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