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Dossier La littérature nous sauvera
Carnet - journal, lettres d’Hopkins par Emmanuel Laugier

février 2019 | Le Matricule des Anges n°200

La littérature nous sauvera

C’est avec Grandeur de Dieu, qui rassemble un choix de vingt-quatre poèmes dans la traduction du poète et jésuite Jean Manbrino, que j’ai plongé dans l’œuvre de Gerard Manley Hopkins. Le premier livre publié des éditions Nous ouvrait une faille dans le temps même de la lecture. À presque un siècle de distance, avec Andrea Zanzotto, je peux dire que toute l’œuvre de ce poète anglais (à l’ornière de cette fin du XIXe siècle qui vit le Capital s’écrire), carnets, journaux et lettres compris, me jeta « célestement tout entier (…) dans la vérité/bestialité » d’une langue à la puissance élevée au cube. Totalement branchée sur ce que Hopkins appela le « sprung rhythm », rythme bondissant, sa langue démembra le vers classique anglais et son système d’accentuation comme nulle autre. Hopkins confiera d’ailleurs (abattu mais fermement décidé à tenir ce cap) à ses quelques rares amis, souvent interdits devant son audace, qu’entre le rythme bondissant et les pieds nerveux du vers, il s’agissait d’entendre la physiologie même d’une langue en acte, c’est-à-dire travaillée intérieurement par une mélodie aux airs naturels, vitaux et primitifs.
Cette ligne sarmenteuse que chaque vers dessine, la prose de son journal, par une incroyable attention à la nature, la perpétue et la conduit avec une extrême précision. Tout est serré et densifié en elle, tout y est décapé pour atteindre une force de détente et un effet de véracité stupéfiant. Il est même étonnant que la puissance formelle qui noue ses poèmes ait pu s’importer avec un tel naturel aux pages d’un journal qu’il ne destinait à peine qu’à lui-même. On n’imagine pas Hopkins le relire, ni le parfaire, ni le considérer, mais seulement le concevoir comme le viatique d’un âge qu’il voyait de plus en plus s’assombrir. Pourtant, tout ce qui s’y note, comme un peintre travaille sur le motif, nonobstant l’inquiétude politique et existentielle qui peut s’y dire, a la ferveur d’une recherche de la beauté que chaque détail de choses vues sur terre reflète. C’est bien sûr la volonté divine et ses indices dispersés que perçoit Hopkins dans cette beauté répandue, mais de le savoir (lui qui abjure le protestantisme pour entrer chez les jésuites en 1868 et être ordonné prêtre neuf ans plus tard) n’ajoute peut-être rien, sinon qu’elle nous « laisse à zéro, seul(s) » avec ces vibrations scopiques et terriblement profanes. Il n’y a qu’à tendre l’oreille pour voir éclater dans un « ciel timbré de sequins d’or  » toute la gloire de l’ici. Il n’y a qu’à regarder pour entendre la basse profonde du vent vriller les arbres, tordre les champs, casser la glace : dans la petite cinquantaine de pages des carnets (1862-66) il évoque « les rangées emplumées du blé vert. Sur un fond de nuages qui roulent, les sommets rudes, touffus, embroussaillés des ormes  », plus loin une ligne isolée compare les vergers à « des toisons percées de branches  », ailleurs s’isole, littéral avant l’heure, le mot « gilet  » sans qu’on en sache plus de...

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